Résumé de la 5e partie L?espoir d?hériter de grosses parts de la fortune d?Etienne s?est vite envolé : la famille n?aura que des miettes. Le défunt a préféré faire des legs à des institutions et à des associations caritatives. Et Girard prend bien garde de préciser : «Je prescris et exige qu?aucun ecclésiastique, missionnaire ou ministre, de quelque secte que ce soit, n?exerce jamais, à quelque titre que soit, sa profession dans ledit collège. J?interdis qu?une telle personne y entre, même comme visiteur. Je n?ai pas l?intention de me montrer injurieux envers des personnes ou des sectes, mais je veux assurer aux orphelins qui bénéficieront de mon héritage, d?être libres des controverses sectaires relatives à des doctrines contraires.» Bien entendu, la «famille» attaque le testament. Elle croit tenir le bon bout en prétextant que l'interdiction de laisser pénétrer les prêtres dans le Girard College est contraire aux lois et à la morale. Elle perd son procès et le collège est construit. En cent trente-six ans et jusqu'en 1968, dix-sept mille orphelins pauvres et Blancs ont été instruits et élevés de sept à dix-sept ans, sans qu'il en coûte un dollar ni à l'Etat ni à la municipalité de Philadelphie. Old Stephen y est enterré, flanqué des drapeaux américain et français. Les élèves qui y séjournent doivent connaître parfaitement le français et chantent La Marseillaise aussi bien que l'hymne américain. Mais il y avait, dans le testament, la fameuse phrase «orphelins pauvres de race blanche». Dès que sont promulguées, aux Etats-Unis, les lois contre la ségrégation, le mouvement pour la promotion des gens de couleur entreprend une formidable campagne pour faire casser le testament d'Old Stephen. Ce fut une longue bataille juridique. En 1966, la Cour suprême des Etats-Unis enjoignit au Girard College d'appliquer les lois contre la ségrégation. Les conséquences furent inattendues. Le nombre des élèves diminua aussitôt. Il était tombé de six cents à deux cent quatre-vingt-six en 1976, à raison de deux tiers d'enfants blancs pour un tiers d'enfants noirs. Mais surtout, cette clause du testament étant déclarée nulle, les descendants de la «famille» d'Etienne Girard, estimant que la Cour suprême a rompu unilatéralement le contrat qu?il avait passé avec la nation américaine, réclament maintenant l'annulation totale du testament et la possession de la fortune ! Malgré l'usure du temps, malgré les guerres et les crises économiques, elle est encore évaluée aujourd'hui à quarante-cinq milliards d'anciens francs...