Résumé de la 80e partie n Le grand vizir continuera à donner des leçons de sagesse et des exemples de vertu. Il prend comme référence tous les anciens et nouveaux récits des grands hommes qui ont marqué l'humanité. A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Le soir venu, elle dit : Il m'est parvenu, ô Roi fortuné, que la deuxième adolescente continua ainsi : «Et, d'ailleurs, le poète dit excellemment cela en vers : “Il y a deux choses dont tu ne dois jamais t'approcher : l'idolâtrie envers Allah et le mal envers ton prochain !”» Puis la seconde jeune fille, ayant dit ces paroles, recula au milieu de ses compagnes. Alors la troisième adolescente, qui réunissait en elle les perfections des deux premières, s'avança entre les mains du roi Omar Al-Némân, et dit : «Quant à moi, ô roi fortuné, je ne te dirai que peu de paroles en ce jour, car je suis un peu indisposée et, d'ailleurs, les sages nous recommandent la brièveté dans nos discours. «Sache donc, ô roi, que Safiân a dit : ”Si l'âme habitait le cœur de l'homme, l'homme aurait des ailes et s'envolerait, léger, vers des paradis !” «Et ce même Safiân a dit : ”En vérité sachez que le simple fait de regarder au visage une personne atteinte de laideur constitue le plus lourd péché contre l'esprit !”» Et ayant dit ces deux phrases admirables, la jeune fille recula au milieu de ses compagnes. Alors s'avança la quatrième adolescente qui avait des hanches sublimes, et dit : «Et moi, ô roi fortuné, me voici prête à te dire les paroles qui me sont parvenues de l'histoire des hommes justes. On raconte que Baschra le Déchaussé a dit : ”Gardez-vous bien de la plus abominable chose !” Alors ceux qui l'écoutaient lui dirent : ”Et quelle est la plus abominable chose ?” Il répondit : ”C'est le fait de rester longtemps à genoux pour faire parade de la prière. C'est l'ostentation de la piété.” Alors l'un deux lui demanda : ”O mon père, apprends-moi à connaître les vérités cachées et le mystère des choses.” Mais le Déchaussé lui dit : ”O mon fils, ces choses ne sont point faites pour le troupeau. Et nous ne pouvons les mettre à la portée du troupeau. Car c'est à peine si sur cent justes il y en a cinq qui soient purs comme le vierge argent.” «Et le cheikh Ibrahim raconte : ”Je rencontrai un jour un homme pauvre qui venait de perdre une petite pièce de monnaie de cuivre. Alors je m'avançai vers lui et lui tendis un drachme d'argent, mais l'homme le refusa et me dit : à quoi me servira tout cet argent de la terre, à moi qui ne vise que les félicités immortelles ?”» «On raconte également que la sœur du Déchaussé alla un jour...» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Elle dit : «On raconte également que la sœur du Déchaussé alla un jour trouver l'imam Ahmad ben-Hanbal et lui dit : ”O saint imam de la foi, je viens m'éclairer. Eclaire-moi ! J'ai coutume de veiller la nuit sur la terrasse de notre maison à filer la laine à la clarté des flambeaux qui passent ; car nous n'avons point de lumière à la maison. Et le jour je travaille et je prépare la nourriture de la maison. Dis-moi donc s'il m'est permis d'user ainsi d'une clarté qui ne m'appartient pas.” Alors l'imam lui demanda : ”Qui es-tu, ô femme ?” Elle dit : ”Je suis la sœur de Baschra le Déchaussé.”» (à suivre...)