Réalité ■ Le ver est dans le fruit ! Après avoir longtemps cru que le risque djihadiste ne pouvait venir que de l'étranger, la France a découvert au cours des dernières années qu'elle a, elle aussi, ses terroristes. Quoiqu'on dise en effet, les frères Saïd et Chérif Kouachi, ainsi qu'Amedy Coulibaly, qui ont commis les attentats de Paris en début d'année, sont des Français qui ont vu le jour et vécu en France. Idem pour Mohamed Merah, le tueur au scooter qui a semé la terreur à Toulouse en mars 2012, et tous ces jeunes partis en Syrie pour, soi-disant, faire le djihad. S'ils ont des origines maghrébines ou africaines pour beaucoup d'entre eux, cela ne fait pas pour autant d'eux des Algériens, des Marocains ou des Maliens. Ils sont d'ailleurs peu nombreux à posséder la double nationalité. Mieux encore, certains n'ont jamais mis les pieds dans le pays de leurs parents, à l'instar des frères Kouachi, présentés par quelques médias de l'Hexagone comme des Franco-Algériens, alors qu'ils n'ont gardé aucune attache avec l'Algérie. Comme l'ont précisé les services du ministère des Affaires étrangères, ils n'avaient ni la carte d'identité ni le passeport algériens et n'avaient jamais séjourné en Algérie. A vrai dire, la France a du mal, aujourd'hui encore, à reconnaître l'existence de musulmans «100 % Français» sur son territoire. Officiellement, la religion musulmane est logée à la même enseigne que le christianisme et le judaïsme et les musulmans ont les mêmes droits et devoirs que les chrétiens et les juifs. Dans les faits, les choses se passent autrement. Il n'est nullement question de justifier ici les comportements abjects et abominables des Kouachi, Coulibaly et autres Merah, mais force est de souli-gner que les musulmans éprouvent beaucoup plus de difficultés à pratiquer leur religion que les chrétiens et les juifs. La preuve est que les mosquées sont les seuls lieux de culte en France dont la construction soulève presque systématiquement la polémique. Aussi, les musulmans sont l'unique communauté religieuse à faire ses prières dans des salles exigües et le plus souvent non conformes aux normes de sécurité et d'hygiène. Mais tout cela, personne n'a voulu le voir. On a plutôt préféré mettre en avant les «désagréments» occasionnés par les «prières de rue» au lieu de chercher à comprendre le phénomène. Comme le dit si bien l'adage, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Mais pour trouver les bonnes réponses, il faut d'abord poser les bonnes questions. De quoi l'extrémisme religieux se nourrit-il ? L'islam est-il vraiment bien compris en France ? Les musulmans sont-ils des Français à part entière ? Ces interrogations et bien d'autres sont, plus que jamais, d'actualité.