Le monde entier vient d'assister, malheureusement, à la naissance du terrorisme en Occident et dont le ton a été donné moins de trois mois de cela, quand des "jihadistes" français avaient déjà renié leur nationalité française en médiatisant le déchirement, depuis le front syrien, de leurs passeports et en appelant à la guerre sainte, en France même. Aujourd'hui, le premier acte de cette guerre sainte est signé dans l'horreur et la première série des actes terroristes commis à Paris et sa région n'a pas été engagée en guise de représailles contre la présence de la France dans telle coalition ou contre un énième enlisement dans le conflit israélo-palestinien. Le terrorisme en Occident est là et il n'est pas le prolongement d'événements vécus ailleurs. À travers le choix des premières cibles, journalistes et policiers, le passage à l'acte puise sa légitimité dans la lutte contre l'apostat et les symboles d'un Etat, voire d'une société impie, pour reprendre la terminologie des intégristes. Passé le premier degré de lecture de ces événements, l'acte terroriste qui peut s'apparenter, à une défense des valeurs d'une religion est, au fond des choses, un acte contre les valeurs de sa propre société dont la liberté d'expression et son socle laïque. Après le foisonnement des Qaïda : au Maghreb, au Yémen, Daech en Irak et en Syrie... des signes laissent croire que nous allons vers la découverte d'une organisation jihadiste en Occident et dont Al-Qaïda et autre EI ne seraient que l'enseigne commerciale, la franchise... Un jihadisme alimenté par des fous d'Allah issus d'Occidentaux de souche et d'autres d'origines magrébine et africaine mais déconnectés des racines culturelles de leurs parents. D'ailleurs, les rapports des services français distillés par les médias de l'Hexagone depuis jeudi dernier, n'évoquent pas de séjours au Maghreb ou d'éventuels contacts avec Aqmi des frères Kouachi et des autres membres de la nébuleuse pour laquelle ils sont la force de frappe. Juste Saïd, l'aîné, est passé par la filière yéménite comme ce fut le cas, auparavant, avec Abdelkader Merah, le frère aîné de Mohamed Merah, auteur de la tuerie de Toulouse. Ces terroristes opérationnels, car ce serait de la naïveté de penser qu'ils n'agissent pas dans un réseau bien structuré autour d'idéologues et de chargés de la logistique, se sont convertis dans le tard à un islam radical perçu à travers les mosquées de France et les sites jihadistes. Des terroristes qui évoluent dans un milieu étanche où, en bas de la pyramide, se trouvent les exécuteurs, souvent liés par le serment du sang, garantie suprême de la fidélité et de la loyauté, car aussi bien les Kouachi, les Merah sont des frères. Pour rester dans le cas de la France qui tient en haleine le monde entier, les terroristes ne sont plus des poseurs de bombes ou des kamikazes endoctrinés et actionnés à distance par leurs gourous tirant les ficelles depuis le Moyen-Orient. Les frères Kouachi et Amedy Coulibaly se sont avérés bien préparés militairement grâce à une formation paramilitaire dont l'infime partie a été reçue hors de la France, mais l'essentielle acquise dans l'Hexagone ou même dans un autre pays limitrophe. En effet, tout laisse croire qu'au moins une partie de l'initiation s'est faite en France. À la lecture de ce qui se passe en France, tous les experts et analystes sont unanimes pour prédire que l'Occident assiste à l'émergence de ses propres terroristes formés dans une doctrine qui n'a rien à voir avec ce qui est connu dans le monde arabe et musulman. Même un Saïd Kotb, le père spirituel des Frères musulmans, ne se retrouve pas devant une telle mutation d'un ogre nommé intégrisme religieux ! M. K.