Résumé de la 47e partie n Voyant que l'étranger blessé ne reprenait pas conscience, Mei-ling commençait à s'inquiéter. Puis elle examina attentivement son beau visage. Après quoi, elle déposa quelques gouttes d'huile de clou de girofle sur ses lèvres, puis lui pinça la joue pour faire revenir son âme à l'intérieur de son corps, et enfin lui frappa doucement les bras pour réveiller sa force vitale. Au bout d'un moment, voyant qu'elle n'obtenait pas de résultat et qu'il se faisait tard, elle décida de partir. — Tu vas rester avec lui, ordonna-t-elle à la vieille servante, que le festin de riz et de crevettes avait considérablement apaisée. Demain je reviendrai avec l'astrologue afin qu'elle me dise ce que je dois faire. Juste au moment où la vieille femme allait protester, l'étranger s'éveilla dans un battement de cils. Il cligna des paupières en regardant Mei-ling. — Suis-je... commença-t-il à dire. Suis-je mort ? Le père de Mei-ling était un homme moderne qui évoluait à la fois dans le monde chinois et dans le monde occidental et qui recevait fréquemment des convives étrangers. C'est pourquoi il avait appris l'anglais à Mei-ling, afin qu'elle puisse servir le thé aux hôtes de marque qui venaient à Peacock Lane. Cependant son anglais était loin d'être parfait et elle dut réfléchir un moment avant de pouvoir répondre à la question de l'étranger. — Vous êtes vivant, dit-elle, et aussitôt les yeux de l'homme se posèrent sur son visage. — Vous êtes un ange ? Elle sourit. — Je suis Mei-ling. Ma servante et moi-même vous avons amené dans cette maison. Comment vous appelez-vous ? Faut-il que nous fassions prévenir quelqu'un afin qu'on vous ramène chez vous ? Il fronça les sourcils, l'air hésitant. — Je... je ne sais pas, dit-il. Je ne sais même pas qui je suis. — Au, cria la vieille servante. Un revenant lui a volé sa mémoire et habite désormais dans son corps ! — Tais-toi, ordonna Mei-ling en chinois. Tu vas l'effrayer. Posant une main sur la joue de l'étranger, elle se pencha vers lui et le regarda au fond des yeux. La vieille femme se mit à trembler en voyant sa jeune maîtresse qui offrait ainsi son âme au diable étranger car l'homme regardait Mei-ling avec une telle intensité qu'il était évident qu'il était en train de lui voler son âme. — Comme vous êtes belle ! murmura-t-il. Et bien que la vieille servante ne comprît pas l'anglais, elle perçut quelque chose de familier et d'universel dans l'inflexion de sa voix. Le malheur s'était abattu sur leurs têtes en cette nuit maudite : il n'y avait qu'à voir la façon dont sa jeune maîtresse regardait l'étranger, avec dans les yeux une expression qu'elle ne connaissait que trop bien. Mei-ling était amoureuse. Mei-ling s'en revint le lendemain avec l'astrologue, qui étudia la main de l'étranger pendant qu'il dormait. Puis elle cassa un œuf et, voyant qu'il contenait un jaune double, déclara qu'il s'agissait d'un mauvais présage. A suivre