Résumé de la 61e partie n Alvirah se souvient que l'appareil — enregistrant les numéros des appels téléphoniques et acheté par Willy —, se trouve dans le débarras... Je vais devenir fou, pensa Willy en essayant de remuer ses bras engourdis. Ses jambes étaient toujours solidement attachées. Il avait renoncé à tout effort de ce côté. À huit heures et demie il entendit quelqu'un frapper et une porte s'ouvrir. Sans doute le soi-disant service d'étage de cette taule minable. Ils apportaient leur tambouille dans des assiettes en carton. C'était du moins ainsi que les hamburgers avaient été servis la veille. Néanmoins, à la pensée d'avaler une tasse de café et un toast il sentit l'eau lui venir à la bouche. Un instant plus tard la porte de la penderie s'ouvrit. Sammy et Tony fixaient sur lui un regard inexpressif. Sammy tint le revolver pendant que Tony ôtait le bâillon de Willy. «T'as bien dormi ?» Le sourire grimaçant de Tony découvrit une canine ébréchée. Willy aurait aimé avoir les mains libres, ne fût-ce que deux minutes. Il aurait volontiers arrangé l'autre canine de cet imbécile. «Comme-un loir», mentit-il. Il fit un signe en direction des toilettes. « Je peux ? — Quoi ?» Tony cligna des yeux, son visage mou s'affaissant davantage sous l'effet de l'étonnement. «Il a envie d'aller aux toilettes», expliqua Clarence. Il traversa la petite pièce et se pencha au-dessus de Willy. «Tu vois ce flingue ?» Il désigna l'arme. «Il a un silencieux. Un geste de trop et c'est terminé pour toi. Sammy est très porté sur la gâchette. On sera alors tous fous furieux que tu nous aies fait faux bond. Et on devra se rattraper sur ta femme. Tu piges ?» Willy ne doutait pas que Clarence parlât sérieusement. Tony était stupide, Sammy était un malade de la gâchette, mais qui ne ferait rien sans l'accord de Clarence. Et Clarence était un tueur. Il s'efforça de paraître calme. «Pigé.» Il arriva tant bien que mal jusqu'aux toilettes en marchant à cloche-pied. Ensuite, Tony desserra un peu ses liens pour lui permettre de se rafraîchir le visage. Willy jeta un regard de dégoût autour de lui. Le carrelage était cassé et la pièce n'avait visiblement pas été nettoyée depuis des années. Des taches de rouille maculaient le lavabo et la baignoire. Le pire était l'eau qui s'écoulait constamment de la chasse, des robinets et de la douche. «On dirait les chutes du Niagara là-dedans», fit Willy à l'adresse de Tony, qui l'attendait à la porte. Tony le poussa vers le coin de la pièce où Clarence et Sammy étaient assis à une table de jeu branlante couverte de gobelets de café et de vieux cartons de plats à emporter. Clarence lui désigna la chaise à côté de Sammy. «Pose-toi là.» Puis il se retourna. «Ferme cette foutue porte, ordonna-t-il à Tony. Ce bruit d'eau me rend cinglé. J'ai pas pu fermer l'œil pendant la moitié de la nuit.» Une idée traversa Willy. Il s'efforça de paraître naturel. «Je suppose que nous sommes là pour au moins deux jours. Si vous m'apportez quelques outils, je peux vous arranger ça.» Il prit un des gobelets. «Je suis le meilleur plombier que vous ayez jamais kidnappé.» (à suivre...)