Résumé de la 49e partie ■ Mei-ling inspecta les poches de l'inconnu blessé à la recherche de papiers d'identité. Dès l'instant où elle était entrée dans la chambre, pas une seule fois il ne l'avait quittée des yeux. En voyant la nourriture qu'elle avait posée devant lui, il fronça les sourcils et dit — Est-ce là la nourriture que j'ai mangée jusqu'à présent ? Saisissant les baguettes, elle les pointa tour à tour sur chacun des plats — Soupe Won ton, poulet au sésame, nouilles sautées, ananas. — Un menu pour le moins varié, dit-il à voix basse, une expression songeuse sur le visage. — Les contraires permettent d'équilibrer le ki. Devant son regard interrogateur, elle expliqua avec un sourire — Ce plat est chaud. Celui-ci est froid. Celui-là est crémeux, et celui-ci est croustillant. Tous ensemble, ils engendrent l'harmonie. Il rit et ses prunelles vertes se mirent à danser. — Si ça ne vous fait rien, j'aimerais mieux des œufs au bacon et un bon café noir. Elle ne saisit pas d'emblée ce qu'il lui avait dit, n'ayant jamais entendu parler l'anglais américain. — Aujourd'hui vous mangez ça, et demain, moi, j'apporte les œufs. Comme il allait s'emparer d'un morceau de poulet frit avec les doigts, Mei-ling lui prit délicatement la main et y plaça une paire de baguettes. Il leva les yeux vers la jeune fille et une communication silencieuse s'établit entre eux. — Je ne sais pas m'en servir, dit-il doucement. Vous n'auriez pas un couteau et une fourchette par hasard ? — Demain, un couteau et une fourchette, dit-elle, en regardant leurs deux mains enlacées — la sienne petite et blanche, celle de l'homme grande et hâlée. Et du café noir, ajouta-t-elle avec un sourire timide. Le sourire de l'homme s'évanouit soudain et il se mit à observer attentivement la jeune Chinoise qui était assise au bord de son lit. — Vous m'avez sauvé la vie, dit-il. Pourquoi ? — Aurais-je dû vous laisser mourir ? Il jeta un coup d'œil au coffret noir laqué, orné de dragons rouge et or, dont les innombrables tiroirs et compartiments contenaient toutes sortes de remèdes, fioles et onguents. — Vous êtes infirmière ? — Mon père m'a enseigné l'art de guérir des anciens, dit-elle avec modestie. — Très efficace, dit-il avec un sourire goguenard. La seule chose dont je me souviens, c'est que j'étais étendu à terre, avec tous ces voyous qui me donnaient des coups de pied, et que je me suis dit que j'allais mourir. Elle le considéra, l'air grave. Quand il étira le bras pour prendre sa main, elle ne chercha pas à l'en empêcher. — Vous êtes si belle. Mei-ling et sa servante revinrent le lendemain avec des œufs et du bacon préparés selon les indications du chef cuisinier de l'hôtel Raffles. A suivre