Après huit mois de rencontres et d'âpres négociations, un accord de paix et de réconciliation a été signé ce matin à Alger entre le représentant du gouvernement malien, les mouvements politico-militaires du nord du Mali engagés dans la plateforme d'Alger et l'équipe de médiation conduite par l'Algérie. Comme le souhaitait Bamako, l'accord ne parle pas d'autonomie ni même de fédéralisme, il insiste sur l'unité et l'intégrité territoriale de l'Etat du Mali, ainsi que sur son caractère républicain et laïque. En revanche, il cite l'appellation d'Azawad, par laquelle les groupes rebelles à dominante touareg désignent cette région, comme une «réalité humaine», en réponse aux revendications des rebelles. Le document a été paraphé par le représentant du gouvernement malien, les mouvements politico-militaires du Nord du Mali engagés dans la plateforme d'Alger et par l'équipe de la médiation conduite par l'Algérie. La cérémonie de signature s'est déroulée en présence de représentants des gouvernements américain et français. Le texte paraphé à Alger devrait encore être signé à Bamako par les acteurs du conflit, à une date qui n'a pas été fixée. La médiation algérienne avait présenté jeudi aux parties un projet d'accord qui appelle à «reconstruire l'unité nationale du pays sur des bases novatrices, qui respectent son intégrité territoriale, tiennent compte de sa diversité ethnique et culturelle». Comme le souhaitait Bamako, l'accord ne parle pas d'autonomie ni même de fédéralisme, et insiste sur l'unité territoriale, l'intégrité territoriale de l'Etat du Mali, ainsi que sur son caractère républicain et laïque. En revanche, il cite l'appellation d'Azawad, par laquelle les groupes rebelles à dominante touareg désignent cette région, comme une «réalité humaine», en réponse aux revendications des rebelles. Il prévoit la création d'Assemblées régionales élues au suffrage universel direct, dotées de pouvoirs importants dans un délai de 18 mois, ainsi qu'une «plus grande représentation des populations du Nord au sein des institutions nationales". Sur la question de la sécurité, il stipule une refonte de l'armée notamment par l'intégration de combattants des mouvements armés du Nord. Le projet dispose en outre qu'à partir de 2018 le gouvernement mette en place un «mécanisme de transfert de 30 % des recettes budgétaires de l'Etat aux collectivités territoriales (...) avec une attention particulière pour les régions du Nord». L'accord prévoit encore qu'une Conférence nationale devra lancer «un débat approfondi entre les composantes de la nation malienne sur les causes profondes du conflit». En outre, une Commission d'enquête internationale devra faire la lumière sur tous les crimes de guerre, contre l'humanité, de génocide et autres violations graves des droits de l'Homme lors du conflit, selon ce document. Les négociations débutées en juillet 2014 à Alger étaient les premières à rassembler l'ensemble des parties prenantes au conflit depuis celles qui avaient abouti à un accord intérimaire en juin 2013 au Burkina Faso. R.I. / Agences Les présents et les autres... Six groupes ont participé aux cinq rounds de négociation depuis juillet 2014 : le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), le Mouvement arabe de l'Azawad-dissident (MAA-dissident), la Coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA) et la Coordination des Mouvements et fronts patriotiques de résistance (CM-FPR). Etaient exclus des négociations les groupes liés à Al-Qaïda qui, à un moment alliés du MNLA, ont occupé pendant plus de neuf mois le Nord du Mali avant d'en être partiellement chassés par une intervention armée internationale lancée. En août 2014 lui a succédé l'opération "Barkhane", dont le rayon d'action s'étend à l'ensemble de la zone sahélo-saharienne.