Enchantement n La cueillette des olives, quoiqu'elle intervienne en hiver où les conditions climatiques sont souvent pénibles, est le moment fort de l'année pour de nombreux villageois de Kabylie. La joie des familles s'accroît quand leurs oliviers regorgent de fruits comme c'est le cas de la campagne oléicole actuelle. Ce sentiment de satisfaction s'exprime dans certains villages à travers l'organisation de fêtes et l'immolation de bêtes marquant ainsi le coup d'envoi de la cueillette. Une manière d'accueillir une production fructueuse et d'émettre le souhait pour qu'elle se renouvelle l'année d'après. La récolte d'olives est une opération difficile en raison de l'inaccessibilité des territoires où sont cultivés les oliviers, caractérisés souvent par des massifs et des reliefs accidentés. Des conditions pénibles auxquelles s'ajoutent le froid hivernal, la pluie, le verglas et le transport du produit à même le dos pour ceux qui ne possèdent pas de montures. Néanmoins, la mobilisation de toute la famille rend la tâche moins rude puisque chaque membre apporte sa contribution, minime soit-elle. La cueillette est confiée généralement aux hommes du fait du danger imminent de ce travail surtout quant l'olivier est de grande envergure et âgé. Les femmes et les enfants s'occupent, quant à eux, de la collecte, ou du ramassage. Les quantités ramassées tout au long de la campagne sont stockées dans des sacs en plastique qui seront ensuite transportés aux huileries pour l'extraction de l'huile. Actuellement, les propriétaires des huileries imposent leur diktat aux oléiculteurs. Ils leur imposent le payement de 450 DA pour un quintal d'olives trituré ou un prélèvement de trois litres d'huile pour la même quantité. Mais les oléiculteurs préfèrent la première option puisque, selon eux, le prix d'un litre d'huile est inestimable, étant le résultat de la conjugaison de plusieurs efforts. L'huile est destinée à couvrir les besoins de la famille et l'excédent sera vendu. Ce qui explique l'importance de l'olivier dans la vie des gens en Kabylie. En effet, l'oléiculture dans cette partie du pays est perçue, à la fois comme un legs ancestral à préserver, et une source de richesse pour de nombreuses familles. Elle est la principale activité agricole qui demeure toujours en essor dans la région. L'attachement est grand en dépit des évolutions socioéconomiques que la région a enregistrées ces dernières années. Cela se traduit par l'exploitation totale de toutes les oliveraies de la Kabylie. Selon des témoignages, les familles habitant en ville, mais qui ont des exploitations dans leur village d'origine, reviennent durant la période de cueillette pour ne pas abandonner leurs oliviers. La hausse des prix de l'huile d'olive, qui ont atteint l'année dernière plus de 400 DA le litre, a suscité un intérêt grandissant pour cette culture. Il est vrai que les propriétaires d'oliviers s'intéressent depuis quelque temps à l'entretien de leurs exploitations en vue d'améliorer les capacités de production, mais beaucoup reste à faire pour que l'oléiculture devienne une activité moderne. Voir demain notre dossier «Stockage, emballage, commercialisation : notre huile d'olive mérite mieux»