“Si on applique rigoureusement cette convention qui trace la feuille de route aux 170 pays l'ayant ratifiée, le nombre de décès dû au tabagisme sera considérablement réduit”, dira le Pr Hamdi, épidémiologiste et président de l'association Ennour, dans la wilaya de Sétif. Plus d'une année après avoir entamé une large consultation afin de préparer l'interdiction de fumer dans les lieux publics, notamment les administrations, le cabinet du wali de Sétif n'a pas encore rendu publics les résultats. En effet, l'ancien cabinet qui a saisi les dites directions n'a pris aucune initiative pour appliquer le décret exécutif n° 01/285 du 24 septembre 2001 fixant les lieux publics où l'usage du tabac est interdit, ainsi que les modalités d'application de cette interdiction. Les fumeurs continuent à déranger les non-fumeurs même au niveau des structures de la santé. Pis encore, des médecins, des paramédicaux et des administratifs fument à l'intérieur des différents établissements sanitaires. Selon le Pr Hamdi Chérif Mokhtar, épidémiologiste et président de l'association Ennour, “l'initiative de l'ancien chef de l'exécutif est à saluer, affirmant cependant que rien ne peut être fait sans l'implication de la société civile”. “Il est souhaitable qu'il y ait un programme national de lutte antitabac, que ces actions soient gouvernementales et impliquent toutes les instances concernées. Nous estimons qu'il ne peut y avoir une lutte antitabac sans l'association de la société civile et à des niveaux différents”, a indiqué le professeur Hamdi Chérif qui dira, en substance, que “l'augmentation de l'incidence des cancers et des maladies liées au tabac, au cours de ces dernières années, suit l'augmentation de la prévalence du tabagisme. Et puis lorsqu'on fume toute sa vie, on perd en moyenne 10 ans de vie confortable. C'est pour cela qu'on dit que le tabagisme est la première cause de mortalité précoce évitable. Il tue plus de 5 millions de personnes dans le monde”. S'agissant des mesures à prendre pour faire face au tabagisme, notre interlocuteur dira qu'“il faut augmenter le prix des cigarettes. L'expérience a démontré que les plans adoptés en 2003 et 2006 en France ont amené des augmentations considérables du prix du paquet de cigarette, ce qui a provoqué une baisse significative du nombre de fumeurs. Par ailleurs, il est impératif d'appliquer l'interdiction de fumer dans les lieux publics, car cette mesure a une double action. Elle protège et les fumeurs et les non-fumeurs. Il faut aussi œuvrer à interdire les placements du produit (tabac) dans le cinéma et Internet tout en menant régulièrement des opérations de sensibilisation des méfaits du tabac notamment dans les milieux de jeunes”. Quant au tabagisme passif, il n'y a pas de différence entre un fumeur et un fumeur passif. “Si un non-fumeur est exposé pendant sept (7) heures par semaine à la fumée, les risques d'infarctus du myocarde et d'accidents cardiovasculaires sont de 25%”, explique le Pr Hamdi. Et d'ajouter que “l'application de la CCLAT qui est le premier instrument mondial de lutte contre le tabagisme est pour un bon nombre de spécialistes un choix incontournable afin de sauver des vies humaines. Le fait que ce traité ait été très vite accepté nous laisse très confiants quant à son application, car il n'est jamais trop tard pour bien faire. Les gouvernements, en étroite collaboration avec les associations et la société civile, doivent mener des opérations qui ne soient pas conjoncturelles. Si on applique rigoureusement cette convention qui trace la feuille de route aux 170 pays l'ayant ratifiée, le nombre de décès dû au tabagisme sera considérablement réduit”.