Accès ■ Les forces irakiennes sont entrées dans un quartier de Tikrit, une nouvelle percée dans l'offensive lancée, il y a 10 jours, pour reprendre cette ville aux jihadistes de l'EI. Des soldats, des policiers et des membres des Unités de mobilisation populaire, une force paramilitaire composée principalement de miliciens chiites, ont repris, hier, le contrôle d'une bonne partie du quartier Qadisiyah, mais la suite s'annonce délicate, a, d'ores et déjà, prévenu un haut gradé sous le couvert de l'anonymat. «Nous n'avons pas en face de nous des combattants au sol mais un terrain piégé et des snipers», a-t-il ajouté, une technique rodée des jihadistes étant de truffer de bombes et autres engins explosifs les villes qu'ils s'apprêtent à quitter. Des dizaines de milliers d'hommes participent à la bataille de Tikrit, face à quelques centaines de jihadistes, selon plusieurs sources. La ville stratégique d'al-Alam, au nord de Tikrit, était dans la même journée complètement sous contrôle gouvernemental. Les forces irakiennes n'ont pas été aidées directement dans cette bataille par la coalition antijihadiste mise sur pied par les Etats-Unis, qui mène des raids aériens depuis août en Irak, depuis septembre en Syrie. Au même moment, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad, les jihadistes ont lancé une attaque spectaculaire, coordonnée, dans Ramadi, le chef-lieu de la province d'Al-Anbar où ils sont entrés il y a plus d'un an, bien avant leur fulgurante percée de juin 2014. Douze voitures piégées ont explosé au même moment, hier matin, aux quatre coins de la ville. Au moins sept d'entre elles étaient conduites par des kamikazes et visaient les forces de sécurité, selon la police. Au moins 17 personnes sont mortes et près de 40 ont été blessées, selon un responsable de police et un docteur de l'hôpital de Ramadi. Un Belge, un Syrien et un jihadiste originaire du Caucase faisaient partie des kamikazes, selon des informations diffusées par des comptes pro-EI sur les réseaux sociaux. Un adolescent australien se serait également fait exploser à Ramadi. Le gouvernement australien «cherche à vérifier de façon indépendante des informations selon lesquelles un adolescent de 18 ans originaire de Melbourne, Jake Bilardi, a été tué dans une attaque suicide au Moyen-Orient», déclaré la chef de la diplomatie australienne Julia Bishop. Dans et autour de la capitale, au moins 17 personnes ont été tuées dans cinq attaques, dont neuf dans un attentat à la voiture piégée dans le quartier de Hurriya à Bagdad. Les Etats-Unis se sont dits «préoccupés» par la présence de conseillers militaires iraniens aux côtés des forces irakiennes dans l'offensive de Tikrit. C'est «quelque chose que nous suivons de très près», a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, ajoutant que «le danger de luttes inter-confessionnelles en Irak», entre sunnites et chiites, était «le principal facteur» pouvant «défaire la campagne contre l'EI».