Résumé de la 202e partie n Elle rassemble ses employées et leur fait savoir qu'il y a une taupe parmi elles. Ne pas savoir qui d'entre elles est la coupable, Harmonie, va-t-elle congédier tout le personnel ? Je songeai un instant à demander conseil à M. Lee, mais je savais qu'il avait de gros soucis et ne voulais pas lui en créer davantage. Les besoins de sa famille continuaient à peser lourdement sur ses frêles épaules, de telle sorte qu'à trente ans il avait l'air d'en avoir soixante. Je lui avais offert de lui prêter de l'argent, mais il avait refusé. Et il était tellement soucieux qu'il n'arrivait pas à se concentrer sur le peu de travail qu'on lui commandait. Et maintenant qu'une firme d'Oakland se chargeait d'imprimer mes étiquettes, je n'avais plus de travail à offrir à M. Lee. De temps à autre, je lui disais que quelqu'un était venu me trouver pour me demander le nom de la personne qui avait peint mes étiquettes et si cette personne accepterait de réaliser une grande toile pour un particulier. M. Lee reprenait alors temporairement espoir et sortait aussitôt ses pinceaux et ses encres pour se mettre au travail, mais très vite son enthousiasme retombait, et il se mettait à dire qu'il n'était bon à rien, tant et si bien que la toile restait inachevée. J'étais obligée de lui dire que le client que j'avais inventé de toutes pièces - se montrerait compréhensif, et attendrait que la toile fût terminée. Pour finir, je décidai d'en rester là avec mes huit ouvrières. Avant de partir, Gideon m'avait fait promettre de ne rien faire qui pût éveiller les soupçons du Dragon Rouge. Je devais geler mes projets, ne pas chercher à agrandir mon entreprise, ne pas commercialiser de nouveaux médicaments... et attendre qu'il revienne. «La prochaine fois, c'est chez toi qu'ils essaieront de mettre le feu, m'avait-il dit au lever du jour, tandis que nous regagnions la voiture. (Gideon n'avait que trois heures pour faire ses valises et se présenter à l'embarcadère.) Promets-moi de ne rien faire, mon amour, avait-il ajouté en prenant ma tête entre ses mains. Aucun changement. Aucun renvoi. Le patron du Dragon rouge est un escroc, et je m'en méfie comme de la peste. Pour l'instant, mieux vaut lui laisser croire qu'il a réussi à t'intimider.» Si bien que je dis à mes ouvrières de reprendre le travail. Juste au moment où je me retournais, j'aperçus un homme en uniforme dans l'embrasure de la porte. Tout d'abord je crus qu'il s'agissait d'un policier. Puis je vis qu'il avait la peau noire. Or il n'y avait pas de policiers noirs à San Francisco, de même qu'il n'y avait pas de policiers jaunes. Il me demanda si j'étais Parfaite Harmonie, puis me dit que Mme Barclay demandait à me voir. Je m'étais attendue à une telle requête. Gideon m'avait promis de parler de nos fiançailles à sa mère avant son départ. Quelle serait sa réaction ? Je n'allais pas tarder à le savoir. Je m'étais imaginé toutes sortes de réactions de sa part - depuis le chantage jusqu'aux menaces. A suivre