Résumé de la 10e partie n La lettre était anonyme et portait un message adressé à Patricia : «Je vous dit de ne pas venir.» Une menace ? Les déménageurs avaient promis de venir vers 8 heures. Elle décida de monter les dossiers empilés au sous-sol dans la bibliothèque. Le sous-sol était sale et poussiéreux, avec des murs et un sol en ciment. Les meubles de jardin étaient soigneusement rangés au milieu. La cave se trouvait à droite de la chaufferie. Il y avait un gros cadenas sur la porte, noir de la suie accumulée au cours des années. En lui donnant la clé, Charles l'avait prévenue : «J'ignore exactement ce que tu vas trouver, Pat. Ta grand-mère a donné des instructions au bureau de Dean pour faire envoyer toutes ses affaires personnelles à la maison. Nous ne sommes jamais allés faire le tri.» Pendant un moment, elle crut que la clé ne fonctionnait pas. Le sous-sol était humide, il y régnait une vague odeur de renfermé. Pat se demanda si la serrure avait rouillé. Elle man?uvra lentement la clé d'avant en arriéré et la sentit enfin tourner. Elle tira sur la porte. A l'intérieur de la cave, une odeur plus forte de moisi lui monta aux narines. Deux classeurs grand format étaient tellement recouverts de poussière et de toiles d'araignée qu'elle put à peine en distinguer la couleur. A côté, il y avait plusieurs cartons empilés au petit bonheur. Du pouce, elle frotta la saleté jusqu'à ce qu'apparaissent les étiquettes : «Député Dean W. Adams, effets personnels» ; «Député Dean W. Adams, objets divers». Les étiquettes sur les fichiers portaient la même inscription : «Député Dean W. Adams, personnel.» «Député Dean W. Adams», fit Pat à voix haute. Elle répéta lentement le nom. Curieux, songea-t-elle, je ne pense pas vraiment à lui en tant que député. Je me le représente seulement dans cette maison. Quelle sorte de parlementaire pouvait-il bien être ? A part la photo officielle que les journaux avaient reproduite à l'époque des deux décès, elle n'avait jamais vu ne serait-ce qu'un instantané de lui. Veronica lui avait montré des albums remplis de photos de Renée enfant, jeune femme, à ses débuts, à son premier concert, avec Pat dans les bras. On devinait sans mal pourquoi Veronica n'avait rien gardé qui pût rappeler Dean Adams. La clé des fichiers se trouvait sur l'anneau que lui avait donné Charles. Au moment où elle s'apprêtait à ouvrir le premier tiroir, Pat éternua. C'était de la folie de vouloir examiner quelque chose dans cette cave. La poussière lui piquait les yeux. J'attendrai que tout soit monté dans la bibliothèque, se dit-elle. Pour l'instant, elle se contenterait de nettoyer l'extérieur des classeurs et d'ôter le plus gros de la poussière sur les cartons. La tâche s'avéra salissante et exténuante. Il n'y avait pas d'évier au sous-sol et Pat dut gravir à plusieurs reprises l'escalier jusqu'à la cuisine, descendant une bassine d'eau savonneuse chaude et remontant quelques minutes plus tard avec l'eau et l'éponge noircies. Au dernier trajet, elle prit un couteau et gratta soigneusement les étiquettes sur les cartons. En dernier lieu, elle ôta celles qui étaient collées sur le devant des fichiers. Satisfaite, elle inspecta son travail. Les classeurs vert olive étaient encore en assez bon état. Ils trouveraient leur place le long du mur exposé à l'est, dans la bibliothèque. Les cartons également. Personne ne pourrait imaginer qu'ils ne venaient pas de Boston. Encore l'influence de Veronica, se dit-elle avec une grimace : «Ne le dis à personne, Pat. Pense à l'avenir, Pat. Une fois mariée, désires-tu que tes enfants apprennent que tu boites parce que ton père a voulu te tuer ?» (à suivre...)