Générosité n De simples citoyens tiennent à montrer «la voie du salut» à leurs semblables… En ces temps d'incertitude et de peur de l'avenir, les Algériens trouvent l'occasion de s'entraider, chacun selon ses moyens. Nos concitoyens sont connus, faut-il le rappeler, par un esprit de solidarité «en acier», qui surgit dans les moments de difficulté. L'affluence de plus en plus massive vers les grossistes en produits de première nécessité est, en effet, le fruit de conseils et d'orientations échangés selon la méthode traditionnelle, dite de bouche à oreille. Des pères de familles aux bourses «ruinées» par la cherté galopante de la vie transmettent leur «trouvaille» à leurs congénères. «J'ai été conseillé par un voisin, enseignant, sur cette nouvelle méthode d'achat qui me permet d'économiser quelques petites sommes d'argent. De mon côté, j'ai fait passer le même message à d'autres amis et voisins», témoigne Omar, la cinquantaine, qui faisait ses courses ce jour là au marché de gros de Beni Tamou. «C'est une forme de solidarité qui nous permet de faire face à la situation difficile dans laquelle nous vivons. Ce n'est, certes, pas génial, mais il faut prendre le conseil des gens ayant une bonne expérience dans des comportements bénéfiques», poursuit notre interlocuteur, tout heureux d'avoir fait une économie de « 3 000 dinars» par rapport aux prix pratiqués par les épiceries. Plusieurs autres pères de familles ont, de leur côté, avoué qu'ils étaient orientés par des parents ou des voisins, se félicitant de l'apport «indéniable» de cette nouvelle mode de shopping. L'idée n'est pas tout à fait nouvelle, car un bon nombre de pères de familles s'approvisionnaient auprès des grossistes depuis quelques années déjà. «Auparavant, les gens n'accordaient pas une grande importance à cette solution, et tenaient à éviter les déplacements et le casse-tête. Mais à l'heure actuelle, où serrer la ceinture est impératif, on remarque qu'il y a de nouveaux clients chaque jour», signale Hamid, gérant un commerce de gros de produits alimentaires à Gué de Constantine. Notre interlocuteur craint que le phénomène atteigne des proportions encore plus grandes, au point que les grossistes n'arrivent plus à répondre à la demande. «Au cas où le nombre de clients particuliers des commerces de gros devient plus important, il faudrait que les simples citoyens demandent aux autorités concernés d'augmenter le nombre des marchés de gros, ou plutôt de limiter, le cas échéant, les bénéfices des détaillants», intervient Salim, un autre grossistes, exerçant dans le même espace. Au vu de la tendance actuelle du phénomène, et de la persistance de ses éléments provocateurs (cherté de la vie, inflation, baisse de la valeur du dinar, réduction des dépenses publiques en matière de création d'emploi….), tout porte à croire que la société algérienne se dirige vers « la mise à mort» des commerces de détail. A moins que des mesures soient prises pour imposer aux grossistes la vente exclusive aux commerçants, ce qui peut provoquer la colère des classes moyennes ou à revenus dérisoires…