Point de rahma sur les étalages ! Tout est cher. Le constat revient chaque année et il est fait, non seulement par les consommateurs, mais aussi par les commerçants eux-mêmes qui se plaignent de la cherté des aliments chez les grossistes. “Il n'y a pas de contrôle au niveau des marchés de gros. Qui contrôle les marchés ? Personne, et les seuls perdants, ce sont les consommateurs et nous, les commerçants, souvent pointés du doigt. On nous accuse d'être à l'origine de cette flambée des prix ! C'est incroyable”, s'étonne un commerçant que nous avons interrogé à ce sujet. Selon notre interlocuteur, le kilo de haricots verts a atteint ces derniers jours les 190 dinars, la courgette est cédée à 160 dinars alors que le poivron a atteint les 100 dinars le kilo. Ce commerçant ajoute que, vu le constat actuel, les prix vont encore augmenter dès le début de ce mois de Ramadhan, si rien n'est fait par les services concernés afin de stopper ces augmentations non contrôlées des produits alimentaires. “Même les fruits et légumes de saison ont atteint des prix exorbitants”. Pour un autre vendeur, boucher de son état, “c'est la catastrophe cette année. Voyez vous-même, il n'y a pas de client ! Le magasin est vide. À 850 dinars le kilo de viande de boeuf, alors que dans un passé récent, la viande rouge était cédée entre 580 et 650 dinars, les gens désertent carrément les lieux ! Rares sont les gens qui vont se permettre quotidiennement un morceau de viande en ce mois de Ramadhan”. La cause, pour ce commerçant du centre-ville de Tizi Ouzou est l'augmentation du prix des bestiaux notamment chez les fellahs. Ces derniers, eux aussi, se plaignent de la cherté de l'aliment du bétail. Même cas pour la viande blanche. Un kilo de poulet oscille entre 300 et 320 dinars. Les mêmes causes sont évoquées par les bouchers. Les boulangers, eux, disent maintenir le cap : “Le prix de la farine reste à son seuil habituel, 2 000 dinars le quintal”. Chez le boulanger que nous avons interrogé, une baguette de pain coûte 8,50 dinars, alors qu'elle est cédée chez d'autres à 7,50 dinars. Pour la semoule, dont le prix était censé être réglementé à 1 000 dinars le sac de 25 kg, elle se vend actuellement entre 1 100 et 1 150 dinars le sac. “On l'achète chez les grossistes entre 1 050 et 1 070 dinars, et tout dépend du choix et de la qualité de la semoule”, nous dit l'un des commerçants. Par ailleurs, une autre crise du lait semble frapper à la porte du Ramadhan cette année, puisque lundi passé, il nous été donné de constater des queues devant les vendeurs de lait. Les commerçants évoquent une carence en la matière, mais sans toutefois prendre celle-ci pour une pénurie, puisque, disent-ils, ils arrivent à être alimentés, mais insuffisamment. Mais tout au bout de la chaîne, le citoyen est le plus pénalisé, contraint de subvenir à sa subsistance malgré tout. “Chaque année, on est confrontés à cette situation, pour ne pas dire qu'on vit cette cherté tout au long de l'année”, dira un citoyen. Pour d'autres, la question est politique : “Au lieu d'engager des réformes qui vont permettre de rendre la vie du citoyen plus supprtable, on nous parle de choses dont on ignore même le contenu. Personnellement, je me demande qui sont ces gens, de la société civile, consultés par la Commission Bensalah : est-ce des fellahs, des commerçants, des pères de famille? On l'ignore. Ce qu'on peut dire, c'est que la vie est chère en Algérie”, martèle un citoyen rencontré dans l'un des magasins visités. à quelques jours de ce mois de la rahma, beaucoup espèrent que la bonté du cœur gagnera les étalages.