Réflexion n Le gouvernement envisage de revoir sa politique des subventions des produits de façon à ce qu'elle «cible les catégories sociales qui en ont le plus besoin». C'est en tout cas ce qu'a laissé entendre hier, mercredi, le ministre des Finances. Lors de sa réponse aux questions des membres de l'APN, Abderrahmane Benkhalfa a, en effet, réaffirmé le maintien par le gouvernement de sa politique sociale, tout en relevant la «nécessité de revoir progressivement cette politique». «Effectivement, nous avons commencé à réfléchir (au niveau du gouvernement) que d'ici une, deux ou trois années, nous irons vers un ciblage des subventions». «Actuellement, il y a au niveau des différents ministères une (liste) des (personnes) les plus démunies. Nous passerons d'un système de subventions généralisées à celui de subventions ciblées. Mais nous allons le faire étape par étape», a ajouté M. Benkhalfa. A ce propos, il a observé que parmi les autres pays exportateurs de pétrole, il n'en existe aucun qui continue à consacrer 19 milliards de dollars aux transferts sociaux, au moment où les prix du pétrole sont à leur plus bas niveau. «La situation actuelle nécessite (d'introduire) des changements. Certes, nous n'allons pas franchir les lignes rouges, mais nous devrions changer les mécanismes de gestion pour donner un nouveau souffle à l'économie du pays», a-t-il avancé. Le ministre des Finances vient ainsi répondre à une «recommandation» souvent évoquée par des experts et spécialistes de la question économique. En septembre dernier, à titre illustratif, les participants à la table ronde organisée par le Conseil national économique et social (CNES) autour de l'émergence de l'économie nationale, avaient considéré «insoutenable» que l'Algérie continue à subventionner, de façon indirecte le gasoil et l'électricité, ou de façon directe la baguette de pain et le sachet de lait par exemple, en mettant à égalité les pauvres et les nantis et les producteurs et des importateurs. «Le régime de subventions devrait être scrupuleusement adapté à la stratégie économique globale. On ne peut continuer à soutenir toutes les activités de la même manière», avait estimé Youcef Benabdallah, chercheur au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement). «Les riches doivent accepter de payer les prix réels» avait relevé cet intervenant, proposant d'instituer un système de subventions discriminant «favorisant les producteurs de richesses, sur la base de la valeur ajoutée, du taux d'exportation et de celui de l'utilisation de la technologie». Un mois auparavant, c'était l'ancien ministre du Commerce, Hachemi Djaâboub, qui avait appelé, à «l'abandon par le gouvernement de Sellal de la politique de subventions des prix des produits de large consommation pour la remplacer par des subventions ciblées sous forme d' aides directes aux familles nécessiteuses».