Le mot est lâché! l'Algérie consacre 19 milliards de dollars aux transferts sociaux au moment où les prix du pétrole sont à leur plus bas niveau. En réponse à ceux parmi les députés qui dénoncent le fait que la loi de finances 2016 consacre l'abandon du caractère social de la politique du gouvernement, le ministre nie et réaffirme le maintien par le gouvernement de sa politique sociale qui sera revue progressivement. «Effectivement, nous avons commencé à réfléchir au sein du gouvernement au fait que d'ici une, deux ou trois années, nous irons vers un ciblage des subventions», a-t-il répondu eu égard à l'augmentations des prix de l'électricité et des carburants. «Actuellement, il y a au niveau de différents ministères, une liste des personnes recensées comme appartenant à la catégorie des démunis. Nous passerons d'un système de subventions généralisées à celui de subventions ciblées. Mais nous allons le faire étape par étape», a-t-il ajouté. Les augmentation envisagées dans le cadre de la loi de finances entrent dans le cadre du ciblage car plus de neuf millions d'Algériens ne seront pas touchés par cette mesure, a-t-il indiqué. A ce propos, il a rappelé que l'Algérie consacre 19 milliards de dollars aux transferts sociaux au moment où les prix du pétrole sont à leur plus bas niveau. Le ministre a réitéré le fait que les nouvelles dispositions du projet de loi relatives aux augmentations des prix des produits énergétiques étaient bien étudiées et qu'elles n'allaient pas toucher les couches les plus défavorisées. Quant à ceux qui dénoncent l'échec des gouvernements successifs à bâtir une économie fiable et productive, et le bilan négatif des deux quinquennats(1999-2014), où l'Etat a déboursé plus de 800 milliards de dollars pour un taux de croissance ne dépassant pas 4%, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa a rappelé les réalisations précédentes du président Bouteflika: «Il n' existe pas de pays qui a financé sur son budget, deux millions de logements, 2 300 écoles primaires, 1100 établissements moyens (CEM), 500 lycées, 122 universités et 300 infrastructures de base dont 800 km en réseaux ferroviaires, plus de 20 000 km en réseaux routier et autoroutier et assurer des taux d'électrification et de couverture téléphonique appréciables ». Le ministre s'est réjoui du fait que l'Algérie figure au 93e rang mondial sur 210 pays sur le classement de l' ONU en matière d'indice de développement humain. «l'Algérie a investi, économisé et distribué la prospérité sociale», indique-t-il. Des statistiques mondiales sur les accumulations de fonds fixes font ressortir que l'Algérie de 2000 à 2009, a enregistré 18.000 milliards de dinars en investissements additionnels. Et de 2009 à 2014, 25 milliards de dinars de plus. C'est-à-dire que l' Algérie est un pays doté d'un patrimoine infrastructural qui est passé de 4 700 milliards de dinars à 25.000 milliards de dinars, a-t-il appuyé. «Avec l'argent du pétrole on a doté l' Algérie d'une fiabilité économique», souligne-t-il. «Toutes ces réalisations et acquis constituent une base solide pour aller de l'avant, tout en considérant le pétrole comme une valeur exogène», ajoute-t-il. Certes, la situation est difficile car sur le plan financier on a enregistré le recul de presque de moitié de nos ressources financières, mais on les compensera avec des ressources nationales. «Actuellement, le Trésor, la Banque d'Algérie et les autres banques sont prêtes et équipées pour compenser les pertes en fiscalité pétrolière avec l'épargne nationale», a-t-il rassuré. Dans ce contexte, il fait savoir que «durant l'année 2015, un montant estimé entre 500 et 600 milliards de dinars d'épargne privée, des entreprises nationales a été mobilisé pour colmater le déficit en fiscalité pétrolière», a-t-il affirmé. «Durant la prochaine phase on poursuivra les dépenses publiques et la réalisation», a-t-il indiqué. «Il faut passer à une phase d'exploitation intensive de nos infrastructures, de nos ressources naturelles disponibles, et nous avons besoin de passer à un cap managérial d'excellence et substituer l'investissement économique à l'investissement sur le budget de l'Etat pour réaliser une vraie croissance économique», a -t-il souligné. Tout ce qui est venu dans la loi de finances 2016 et d'autres textes de loi à venir, à l'image du Code d'investissement, la loi sur les entreprises publiques, visent à sauvegarder les grands équilibres à travers la mobilisation de nouvelles ressources, le maintien de la politique sociale et de la solidarité nationale, a-t-il soutenu. «Le gouvernement poursuivra ses investissements publics à la prochaine phase», a-t-il dit. «La situation actuelle nécessite d'introduire des changements. Certes, nous n'allons pas franchir les lignes rouges, mais nous devrions changer les mécanismes de gestion pour donner un nouveau souffle à l'économie du pays», a-t-il avancé. Le ministre a nié la volonté du gouvernement de contourner la règle des 51/49%, l'article 70, rejeté par l'opposition, «réaffirme et élargit l'application de cette règle aux entreprises exerçant dans l'importation et la production des services», selon le ministre. L'article 66 catalogué comme discordant, stipulant que «les entreprises publiques, économiques y compris, qui réalisent des opérations d'ouverture du capital en direction de l'actionnariat national résident doivent conserver au moins 34% du total des actions ou des parts sociales. A l'expiration d'une période de cinq ans, l'actionnaire national peut lever auprès du Conseil des participations de l' Etat une option d'achat des actions détenues par l'entreprise économique», est venue pour protéger l'actionnariat national résident qui sera doté d'une part de 34%, qui est une minorité agissante. Pourtant abrogé et vivement contesté, l'article 71 qui prévoit l'introduction d'un mécanisme d'«équilibre budgétaire» selon lequel le ministre des Finances peut décider, sans recourir au Parlement, à travers des «décrets d'ajustement», l'annulation ou le gel des crédits «en cas de perturbation des équilibres généraux de la loi de finances ou de l'équilibre budgétaire prévu» est considérée comme «une disposition de vigilance et de modernisation de la gestion de l' économie nationale». En attendant, le vote de ladite loi de finances, les voix discordantes comptent sur le maintien de l'improbable volonté politique des députés du FLN d'abroger au moins une vingtaine d'articles et amender une trentaine d'autres.