Observatoire n L'Algérie ne dispose pas de statistiques concernant les femmes violentées, a déploré, samedi, Mounia Meslem. La ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme a démenti «l'existence de statistiques exactes sur le nombre des femmes victimes de violence, hormis celles de la DGSN tirées des registres de doléances des femmes victimes de violence. On peut comprendre cet aveu comme une alerte. La première responsable à la tête du département de la Solidarité s'est arrêtée au constat sans pour autant donner plus de détails sur l'ampleur de ce phénomène et sur les causes de ce déficit enregistré en la matière. Les chiffres sont, sans doute, probablement bien plus élevés dans la réalité. On peut le comprendre parfaitement, d'autant que de nombreuses personnes agressées sont livrées à elles-mêmes alors que la plupart refusent catégoriquement de déposer plainte pour des considérations purement culturelles. C'est pourquoi d'ailleurs plusieurs associations féministes, la société civile et des partis politiques ont depuis belle lurette plaidé pour sensibiliser davantage les femmes violentées à dénoncer et à signaler leurs agresseurs. D'autant que ce phénomène est en nette augmentation ces dernières années. Les faits divers, les images diffusées à travers les chaînes de télévision algériennes sur les femmes, violées, frappées, humiliées, expulsées du domiciles conjugal… sont d'une extrême gravité et doivent nous interpeller à agir pour stopper cette violence qui touche quasiment tous les milieux, conjugal, familial, professionnel et les lieux publics. Les chiffres disponibles sont effrayants ! Les services de sécurité ont enregistré quelques 7 000 femmes violentées en 2013 dont 266 cas de violences sexuelles, notamment des cas de viol, de harcèlement sexuel et d'inceste. Pis en 2012, la Gendarmerie nationale avait signalé 261 femmes tuées, 297 viols et 329 attentats à la pudeur. 46% des agressions ont lieu à la maison ! La ministre compte changer le cours des choses, elle promet, en premier lieu, de mettre en place «un plan d'action» pour établir les véritables chiffres sur les femmes victimes de violence. Elle insiste également sur l'adoption d'une loi contre les crimes que subissent les femmes. «Le projet de loi voté par l'APN en mars dernier sera débattu et voté au Conseil de la nation lors de l'actuelle session d'automne», a-t-elle indiqué. Ce projet constitue un nouveau jalon pour protéger la femme de toutes les formes de violence et maintenir la cohésion au sein de la famille. Dans le projet de loi figurent plusieurs articles sur la protection de la femme contre toutes formes de violence, d'agression, de violence verbale ou physique ou de mauvais traitement. R.N. /APS