Stratégie n Il s'agissait d'un ensemble hétérogène de dispositifs, le plus souvent meurtriers, destiné à empêcher, ou du moins à gêner considérablement, une force de débarquement voulant prendre pied sur le rivage côtier s'étendant de la Norvège à l'Espagne. La structure générale de l'ensemble envisagé sur la fin du conflit - qui sera dans la pratique très loin de la théorie et des espérances - rappelle la structure d'un chapelet, une ligne ponctué plus ou moins régulièrement de points fortifiés. Le « Mur » concernait également la défense des points stratégiques comme les aérodromes, bases sous-marines, ports de guerre ainsi que les grandes stations de détection radar. La zone côtière était décrétée zone interdite pour toutes personnes n'ayant aucune raison de s'y trouver (à l'exception des médecins, habitants, travailleurs des chantiers de construction, etc.), la possession d'un laissez-passer y était obligatoire. Paradoxalement les ouvrages qui constitueront l'ossature du «Mur» étaient des éléments du dispositif offensif construit pour l'invasion de l'Angleterre, en 1940-41, par les troupes allemandes : batteries du Nord Pas de Calais, aérodrome (dont Lannion), ports, etc. En Bretagne la construction des forteresses de St Malo, Brest, Lorient, St Nazaire débutait dès 1940 peu après l'arrivée des troupes d'occupation. Le 22 juin 1941, le IIIe Reich rompt le Pacte germano-soviétique en déclenchant l'opération Barbarossa, ce qui ouvre le front de l'Est. Or l'attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, fait entrer les Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne lui déclarant la guerre peu de temps après l'attaque japonaise. En septembre 1941, le Generalfeldmarschall von Witzleben, qui commande les forces allemandes de l'Ouest propose à l'OKW, le haut-commandement allemand, de construire des positions défensives sur le littoral1. Avec la guerre sur le front de l'Est moins rapide qu'espérée par les Allemands et l'entrée en guerre des Etats-Unis, Hitler commence à envisager un possible débarquement anglo-américain à l'ouest, d'autant que Staline presse les Alliés occidentaux pour l'ouverture d'un second front en Europe, la Wehrmacht consacrant alors l'essentiel de ses ressources en hommes et en matériels sur le front de l'Est. Le 15 mars 1942, il remplace von Witzleben par le Generalfeldmarschall von Rundstedt. Le 23 mars il publie sa directive de guerre no 40 qui ordonne toute une série de mesures afin de renforcer les côtes des pays occupés ou annexés. En premier lieu, une protection de tous les grands ports, surtout ceux abritant, sur la façade atlantique, les bases pour sous-marins. Les Allemands sont persuadés qu'un débarquement ne peut avoir lieu qu'à proximité d'un port afin d'assurer la logistique des troupes débarquées. A Suivre…