Récit n «Hadara, l'enfant autruche» est l'intitulé du roman écrit par Monika Zak et paru aux éditions Casbah. Plus qu'une légende, la miraculeuse histoire de Hadara, le petit Saharien élevé par des autruches aux fins fonds des immensités sahariennes. Le récit, où s'imbriquent imagination et réalité, nous le devons à Monika Zak. C'est lors d'un séjour professionnel en Algérie que la Suédoise a entendu parler du fabuleux destin d'un garçonnet ayant vécu les dix premières années de sa vie au sein d'un troupeau d'autruches. Intriguée par l'histoire rapportée par des Touareg, elle fera des recherches jusqu'à retrouver les enfants de Hadara qui confirment la prodigieuse destinée de leur géniteur. Il était une fois … ainsi commencent les contes irréels, les fables et autres. A la seule différence que l'histoire de Hadara est une histoire vécue, tangible comme l'affirme Monika Zak en même temps qu'Ahmedu, le fils de ce premier. Il était un jour de grand vent de sable, sur la route des caravaniers, une femme, Fatma, maman d'un petit garçon, perd son fils de deux ans au cours de la tempête charriant des masses de poussière fine et aveuglante. La détresse de la jeune maman est immense comme sont immenses les étendues de sable doré, poursuivant leur route infinie le jour sous le soleil brûlant, la nuit sous les étoiles. Fatma, malgré les recherches stériles des siens pour retrouver Hadara ne perd pas espoir, elle ira demander au chamelier Daula, un saint homme «de parler à Dieu» pour que le Créateur puisse lui montrer par la bouche de Daula l'endroit où son enfant se trouvait. Le caravanier, le récitant du Coran, vénéré par ses frères les hommes bleus, pour son «contact particulier avec Dieu» ne donna pas de réponse affirmative à Fatma, il déclama seulement ces mots plusieurs fois au cours de son chant dédié au maître de l'univers «Mille merci, mon Dieu…» Fatma partit la mort dans l'âme rejoindre les membres de son clan, convaincue que Hadara était mort. Il en sera autrement. Des autruches adopteront le petit des hommes. Makoo et Hogg, la femelle et le mâle prendront «sous leur aile» le garçon qui sera l'un de leurs autruchons à la forme humaine, toutefois, à la parole confisquée par la force du sort du monde animal. Tout au long des douze ans passées à parcourir le désert aux côtés de ses parents, oiseaux coureurs, Hadara passera par bien des péripéties, des aventures incroyables. Il côtoiera le serpent gobeur d'œufs d'autruche, le lion mangeur d'hommes, la gazelle nourricière, le scorpion perfide, les chacals fourbes, la soif, la faim et enfin croisera sur sa route mouvante, les hommes qui lui ressemblent. Monika Zak dans ce récit enchanteur, qui plus est, justifie une histoire réelle, destiné aux enfants de 7 à 77ans, a exploré toutes les voies créatrices avec leurs odeurs, leurs sonorités, leurs couleurs, leur caractère symbolique, allant jusqu'à la source des traditions sahariennes, véhiculées par les siècles et la mémoire. Leila N. l Tandis que le récit prend une autre tournure dans d'autres chapitres, celle-là plus prosaïque avec l'arrivée de l'Américain, de l'équipe de tournage d'une chaîne de télévision, de personnes inconnues venues d'autres continents à la recherche de l'enfant autruche, la narration reprendra toutefois son côté enchanteur avec les retrouvailles d'avec sa mère et sa famille, les frémissements de son cœur pour Kharouba, la jeune targuie, leurs cinq enfants ainsi que la part lumineuse et mystérieuse de Hadara adulte, connaisseur du langage silencieux des animaux du désert et celui des oiseaux. Son oasis secrète abritant les survivances d'une enfance livrée à l'errance du monde animal, il n'en livrera aucune confidence. Monika Zak raconte que, captivée par la nature du personnage, elle manifeste un intérêt particu-lier et va à sa recherche : «A l'automne2000, je suis partie pour l'Algérie, fermement décidée à découvrir s'il y avait un brin de vérité dans l'histoire du garçon qui vivait avec les autruches. J'ai eu la confirmation qu'un de ses fils se trouvait parmi les 165 000 réfugiés du camp». Ce dernier, une fois en sa présence, confie : «Je suis fier de mon papa a dit Ahmedu Hadara. Il m'a appris à aimer les bêtes.» Outre le fils de Hadara, Monika Zak a eu le privilège de rencontrer également, en 1993, le chamelier Daula, «l'homme qui parlait à Dieu». Il décédera quelque temps après leur entrevue. L'auteure n'a pas ménagé ses efforts, elle a sillonné les routes, enquêté, s'est informée jusqu'à donner corps et vie à Hadara. Elle révèle aux lecteurs : «Ce livre est le plus palpitant de mes ouvrages, mais aussi le plus difficile à écrire.» L. N.