Résumé de la 16e partie n Les enquêteurs demandent un examen approfondi de l'épave. A l'intérieur, les plongeurs trouvent la dernière pièce du puzzle : même avec ces deux gros trous, le ferry aurait pu être sauvé. Une ultime erreur a scellé son destin. Tous les grands navires sont divisés en compartiments isolés par des portes étanches. Les règles de sécurité stipulent qu'en mer, ces portes doivent rester fermées. Mais lors du dernier voyage du Samina, plusieurs portes étaient ouvertes. Les portes étant ouvertes, la salle des machines n'est pas la seule zone inondée. Et la coupure de courant empêche l'équipage de les fermer à distance. Les enquêteurs font revenir 29 membres d'équipage pour les interroger à nouveau. Leurs témoignages retracent avec précision les deniers moments de la traversée. Ces données sont modélisées sur ordinateur. A 22h15, trois minutes après la collision, le ferry ne gîte que de cinq degrés à droite. Mais il se remplit rapidement par le trou donnant sur la salle des machines. A 22h25, il gîte de 14 degrés. La déchirure de six mètres de long qui était au-dessus de la ligne de flottaison, commence à prendre l'eau. Dès cet instant, 80 personnes à bord sont condamnées. Le bateau ne peut pas survivre à de tels dégâts. Le Samina est ce qu'on appelle un ferry roulier ou «RORO». De l'anglais «Roll-on, Roll-off». C'est un modèle moderne. Les véhicules embarquent par la poupe en marche arrière. Et sortent en marche avant une fois à destination. La méthode est économique, mais elle présente un sérieux défaut. Les pires catastrophes maritimes des dernières années concernent toutes ce genre de navire. Le naufrage du Herald of Free Entreprise à Zeebrugges en Belgique a coûté la vie à 196 personnes en 1987. Celui du roulier Estonia dans la mer baltique en 1994 a fait 850 victimes. Contrairement aux bateaux de croisière ou aux cargos qui comportent plusieurs petits compartiments étanches, le pont inférieur du roulier est un grand garage ouvert susceptible de se remplir d'eau très rapidement. «C'est un peu la même différence entre une boite à œufs et une boite à chaussures. La boite à chaussures va se remplir d'eau très vite alors que dans la boite à œufs les compartiments se remplissent l'un après l'autre. La boite à œufs continue à flotter là où la boite à chaussures coule», explique l'expert. Cet espace ouvert est particulièrement vulnérable car il est très proche du niveau de l'eau. A suivre