Crise n La communauté internationale continue de tenter d'apaiser les vives tensions survenues au Moyen-Orient depuis l'exécution d'un dignitaire chiite saoudien, dressant face à face l'Arabie sunnite et l'Iran chiite. Cette exécution a été suivie par des attaques contre l'ambassade saoudienne à Téhéran et un consulat saoudien à Machhad (nord-est de l'Iran), que le président iranien Hassan Rohani a jugées «totalement injustifiables». Mais cette condamnation n'a pas été suffisante pour l'Arabie saoudite, qui a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec l'Iran. M. Rohani a demandé, hier mercredi, au chef du pouvoir judiciaire de juger rapidement les 50 personnes accusées d'implication dans ces attaques. Plus tôt dans la journée, les diplomates iraniens en poste en Arabie saoudite et leurs familles sont rentrés à Téhéran. Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a demandé à Riyad d'arrêter «de créer des tensions» dans la région. M. Zarif a affirmé que «depuis deux ans et demi, l'Arabie saoudite s'est opposée aux efforts de la diplomatie iranienne», et a ,en particulier, souligné que l'Arabie saoudite s'était «opposée à l'accord nucléaire» conclu en juillet entre l'Iran et les grandes puissances. L'Iran a «toujours recherché la paix (...) avec ses voisins», a-t-il assuré lors d'une conférence de presse avec son homologue irakien Ibrahim Jaafari, en visite à Téhéran. M. Jaafari a indiqué que l'Irak, «qui a de bonnes relations avec l'Iran et les pays arabes», travaillait à faire baisser les tensions afin de ne «pas entraîner la région dans une guerre qui ne pourrait avoir de vainqueur». L'exécution en Arabie saoudite de l'opposant et dignitaire religieux chiite Nimr El Nimr a provoqué des manifestations de musulmans chiites dans plusieurs pays du Moyen-Orient, dont l'Iran et l'Irak. Lors de la réunion hebdomadaire de son cabinet, hier mercredi, le président iranien Hassan Rohani a réitéré sa condamnation de ces violences, demandant en même temps à l'Arabie saoudite «de renoncer à la mauvaise direction» qu'elle a prise selon lui. La décision de Riyad de rompre ses relations avec l'Iran a été suivie par le Bahreïn, le Soudan puis Djibouti, mercredi. Les Emirats arabes unis ont eux décidé de réduire leurs relations diplomatiques avec Téhéran, et le Koweït, tout comme le Qatar, ont rappelé leur ambassadeur en Iran. La Jordanie a de son côté convoqué, hier mercredi, l'ambassadeur iranien à Amman. La rupture des relations diplomatiques avec l'Iran, annoncées dimanche dernier, par l'Arabie saoudite, constitue un nouveau rebondissement dans un conflit vieux de plus de trente ans. La communauté internationale craint que cette escalade n'accentue encore les conflits du Moyen-Orient. Washington, Moscou et les pays européens ont appelé les deux puissances régionales au calme. Sur le plan économique, la crise diplomatique entre ces deux importants producteurs de brut reste un facteur affectant les prix du pétrole, qui ont chuté, hier mercredi, à la Bourse à New-York.