Monde n Le Nouvel an est donc fêté avec ferveur dans toute Tamazgha (l'Afrique du Nord), de l'oasis de Siwa en Egypte jusqu'au Maroc et aux îles Canaries dans l'Atlantique. Selon l'orateur, Yennayer représente pour tous la fête aux multiples présages d'une nouvelle année féconde. «Tout ce qui est vieux et usé dans l'habitation est changé et il est de coutume de remplacer les pierres du foyer de la cheminée inyen du kanun par de nouvelles pierres. En allant chercher ces pierres, la femme accorde beaucoup d'importance à ce qu'elle trouve caché au-dessous de la pierre désirée. Si par hasard, elle y trouve un ver blanc, elle sursaute de joie car ceci est un bon présage qui laisse espérer la naissance d'un garçon. Si elle y trouve une herbe verte, cela signifiait une moisson abondante, ce qui préserverait la famille du manque de vivres. Si par contre, elle y trouve des fourmis, cela laisse espérer une proche augmentation du bétail par les naissances ou par un nouvel achat.» Ce jour particulier est un jour de joie, de partage et de pardon. La tradition veut que tout ouvrage commencé, tel que le tissage, soit terminé ce jour-là. Citant certaines régions, M. Drici reviendra sur les coutumes et traditions en Libye, «tout particulièrement à Gadamès, où Yennayer est semblable au 1er avril. Il est le jour des enfants. Ils y donnent libre cours à leur imagination pour jouer des tours aux adultes. Le repas de ce jour est le rôti d'un animal sacrifié». «Au Maroc, comme dans certaines régions d'Algérie, le repas festif doit comporter sept légumes entre céréales et légumes frais de la saison», ajoutera-t-il. En Algérie, dans la région des Aurès, «c'est un jour d'amusement. Les Chaouis accueillent Yennayer par un couscous aux sept légumes ou par l'iranen (plat de grains de blé ou de maïs cuits, dans du bouillon avec des févettes, de la graisse, du sel et du fromage). Ce qui ressemble aux uftiyen de la Kabylie». Ceci alors que dans l'Ahaggar, les Touareg commencent à fêter Yennayer une semaine avant le 12 janvier. Hommes et femmes portent à l'occasion, les plus beaux habits et les plus beaux bijoux. Aussi, c'est l'occasion de rassembler tout le monde pour chanter et danser. Le repas festif est composé de : kasbasu (couscous), taggala (pain), talbagat (viande hachée)», dira-il encore et ajoutant que pour «Les Béni Senouss, ils célèbrent Yennayer sous forme d'un carnaval en sillonnant les ruelles du village. Ils portent différents masques, peaux d'animaux et des haillons». «En Kabylie, à l'arrivée de Yennayer, la cueillette des olives doit s'arrêter. Les maisons sont nettoyées, décorées et se présentent très accueillantes. Yennayer est aussi le jour de la première coupe de cheveux pour les garçons. Cette occasion permet des réconciliations et discussions sur le passé et l'avenir», conclut-il encore. D. I. Au-delà de l'histoire… l La célébration de Yennayer n'est pas propre à l'Algérie. Cette fête de l'an amazigh est millénaire en Afrique du Nord, Tamazgha, ou le pays des amazighs. Les présages qu'on lui a attribués au fil des temps et sommairement les différentes manières dont ce Nouvel an berbère est célébré à travers Tamazgha. L'auteur Kamel Drici est revenu dans sa communication intitulée «Yennayer: présages et célébrations» sur Yennayer à travers Tamazgha, où le Nouvel an berbère est désigné par plusieurs appellations, «Innayr» chez les Chleuhs du Maroc, en Algérie Yennar chez les Ichawiyen et Yennayer dans le reste du pays, alors que les berbères de Djerba en Tunisie l'appellent «Yennár». S'agissant de l'origine des festivités de Yennayer à travers l'histoire, l'orateur précisera que personne ne peut dater avec précision le commencement de la célébration de Nnayer. Il se transmet de bouche à oreille et de génération en génération depuis le fin fond des âges. Plaidoyer pour «Taswiqt n Yennayer» l «Taswiqt n Yennayer» ou le marché de Yennayer, pourquoi pas ? Une proposition bien réfléchie émise par Hamid Bilek, archéologue et cadre du Haut Commissariat à l'amazighité (HCA) en retraite, lors des festivités de la célébration du Nouvel an amazigh 2966, organisées par la direction de la culture à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. En effet, Hamid Bilek a plaidé pour l'instauration de «Taswiqt n Yennayer» qui serait l'équivalent du marché de Noël en Europe, pour des raisons culturelles mais aussi économiques. En effet, l'orateur qui a animé une conférence intitulée «Yennayer : le symbole du renouveau amazigh, une histoire à revisiter», a saisi l'occasion de la présence des autorités locales, avant-hier, lors de la journée d'étude autour de «Yennayer : Une date, un repère national, une histoire milliaire» pour demander à institutionnaliser cette fête qui sera d'un apport considérable pour l'économie locale, tel que cela est de coutume en Europe, où un marché de Noël est organisé un mois avant la fête. «Au-delà de l'aspect festif, Taswiqt n Yennayer représentera à coup sûr un apport économique considérable pour les artisans, les établissements hôteliers….et autres», dira-il en précisant que cette suggestion a été avancée cette semaine par les animateurs de l'association culturelle «Numidya» qui active dans la wilaya d'Oran lors des festivités de Yennayer. «Je profite de l'occasion de la présence des autorités de wilaya pour faire une recommandation qui est à même de préserver le patrimoine matériel et immatériel de la Kabylie, qui sera d'un apport financier considérable du point de vue économique et encouragera par la même la préservation du patrimoine matériel et immatériel de la région», dira-il.