Si les grandes villes et agglomérations ont été choisies pour la célébration du nouvel an amazigh, Yennar (Yennayer chez les Chaouis), d'une manière officielle et aussi protocolaire, il n'en est rien pour la petite commune de T'kout (plus de 90 km au sud du chef- lieu de la wilaya de Batna). Cette tour imprenable, fief du mouvement de revendications mais aussi de la citoyenneté, n'a jamais rompu avec les pratiques et legs ancestraux. Pour preuve, chaque année et aux mêmes dates, la petite ville organise et avec peu de moyens la célèbre fête Thamghra n'tmenzouth (la fête de l'automne), mais aussi les festivités de Chaïb Achoura. Pour ce nouvel an 2964, c'est l'association Idhles n'Tamazgha qui a pris en charge les préparatifs et l'organisation de la fête. Un programme aussi riche que varié a été concocté par les jeunes organisateurs de l'association, qui reconnaissent avoir bénéficié d'une d'aide des différentes institutions de l'Etat pour pouvoir mettre en exécution leur programme : le chef de l'Assemblée populaire communale de T'kout, le chef de daïra, le directeur du théâtre de Batna, le directeur de la culture et bien d'autres responsables. En outre, la petite commune de T'kout ne possède aucune infrastructure d'accueil, hormis son lycée et son collège, où auront lieu les différentes festivités (exposition, concours, etc.). Dans les traditions de T'kout, les organisateurs prennent en charge à leur compte leur invités, autrement dit, ils les hébergent chez eux. Hospitalité chaouie exige. Des conférences, tables rondes et débats sont au programme animés par des enseignants et des chercheurs, dont la principale thématique concerne le nouvel an berbère, ses origines, le rituel de l'occasion. Les intervenants débattront de la meilleure manière de demander que Yennar soit reconnue comme fête nationale. Plusieurs artistes chanteurs chaouis sont au programme lors de la deuxième soirée consacrée aux chants et rythmes chaoui, notamment Massinissa, Hishem Boumarraf, Aïssa Brahimi, Noumidas. Le théâtre s'invite à ce rendez-vous avec une pièce de théâtre pour enfant et un monologue qui feront certainement la joie des grands et des petits, sachant que T'kout n'a cessé de demander et de réclamer une programmation spéciale lors du Festival du théâtre amazigh. L'art culinaire avec une dégustation est de la partie pour le dernier jour, ainsi qu'un cross ouvert. Les jeunes adhérents à l'association souhaitent que l'évènement, aussi bien la fête de Yennar que d'autres rendez-vous (Thifsouine à Menâa, Chaïb Achoura, Thamghra n'tmenzouth) bénéficient plutôt d'une approche purement culturelle, loin de tout folklore et stigmatisation qui tueront à coup sûr ce qui a été préservé jusqu'à présent. R H Nom Adresse email