Au moment où le débat sur le code de la famille fait rage et après avoir entendu le son de cloche des politiques, des spécialistes et des associations féministes, nous donnons la parole à ces femmes victimes de l?injustice de l?homme. «J?aurais pu me retrouver à la rue, après que mon ex-beau-père m?a expulsée du domicile. Mariée en 1990, nous avons vécu, avec mon mari, dans l?appartement de son père, situé dans un quartier populaire. Depuis, nous avons maintes fois tenté d?avoir un enfant, mais chaque grossesse était suivie d?une fausse couche. Mon mari a donc décidé de m?emmener consulter un bon gynécologue. Ce qui fut fait, grâce à Dieu, j?ai pu mener à terme ma grossesse. Nous avons eu un fils. Notre patience fut récompensée. Surtout mon mari : il était très impatient. D?autant qu?il avait du mal à trouver un travail stable. L?arrivée de mon fils, dans notre foyer, a amené beaucoup de bonheur. Mon mari a trouvé un travail bien rémunéré, stable, avec des avantages sociaux. Une aubaine que l?on ne soupçonnait pas. Travaillant pour le compte d?une personnalité, il était astreint à des horaires impossibles. Avec le temps, il découchait. Ses absences devenaient de plus en plus fréquentes, prétextant les missions et la conjoncture que traversait le pays car il travaillait avec un haut responsable des services de sécurité. A un moment donné, il ne rentrait plus. Il demeurait des semaines puis des mois sans voir son fils. Il n?appelait pratiquement plus. Et lorsque je l?appelais car le petit était malade, il m?envoyait l?un de ses collègues. J?ai essayé de savoir pourquoi, il prétextait le travail, la sécurité, le fait que je ne lui facilitais pas la tâche. Jusqu?à ce qu?on m?envoie la demande de divorce. Le jugement est tombé, j?ai eu la garde de mon fils et il était assigné à payer la pension alimentaire du petit et mes droits conjugaux. Par ailleurs, il m?a autorisée verbalement à demeurer dans le logement que nous occupions depuis notre mariage avec le consentement de son père. En fait, il s?était remarié et était père d?un autre enfant. Malgré cela, au début, il rendait visite à son fils. Du jour au lendemain, il a cessé de venir et d?appeler. Pour lui, il n?existait plus. Ni pension ni visite. Pis encore, son père, propriétaire du domicile, a engagé une procédure pour m?expulser. J?ai reçu un premier avis d?expulsion ; j?ai fait appel. A ce moment-là, j?ai décidé de trouver une alternative, en vain. Entre-temps, le beau-père a eu des problèmes ; il a fait l?objet de vol et d?agression dans sa villa de Bentalha. Il a pris donc attache avec son fils, mon ex-mari, qui lui a demandé de me laisser tranquille avec mon fils. Ce qui fut le cas pendant un moment. Cependant, il est revenu à la charge après les travaux de réfection, à la suite du séisme du 21 mai. J?ai reçu un deuxième avis d?expulsion. J?ai fait encore appel, et j?ai obtenu un sursis d?une année, selon mon avocate. Pendant les vacances d?été, je me suis rendue dans ma famille pour passer quelque temps avec mon fils. Car il n?était plus question pour mon fils de revenir dans le quartier où il avait fait l?objet d?une tentative de viol par un jeune pédophile. Je tiens à souligner que son père en avait été informé, mais qu?il ne s?était jamais montré. Profitant de mon absence, l?huissier, accompagné d?un agent de police, a forcé la porte et a refait les serrures. Je n?ai même pas pu récupérer les affaires de mon fils. Je ne travaille pas. Sans toit, quel avenir pourrais-je offrir à mon fils ? Son père l?a abandonné, moi, je n?ai plus d?autorité sur lui. Agé de 9 ans, c?est un enfant difficile. J?ai choisi de le laisser chez ma s?ur car ses enfants sont tous adultes et son mari le considère comme son benjamin. Il va à l?école, il fait du sport et il était suivi par un pédopsychiatre dans un premier temps et une psychologue par la suite. Cette dernière a conclu que l?absence d?autorité parentale est à l?origine de son état. Il se considère comme enfant abandonné. Sans le soutien de ma famille, en dépit de certains problèmes familiaux, j?aurais pu me retrouver dehors.»