Selon des professionnels du secteur, il n'existe pas une réelle volonté des pouvoirs publics de promouvoir les exportations hors hydro- carbures. Preuve en est, selon eux, les nombreuses entraves rencontrées par les exportateurs, qui se font de moins en moins nombreux. D'ailleurs, 115 d'entre eux ont déjà déserté les rangs en 2015. C'est le constat établi ce jeudi matin par le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexa), Ali Bey Nasri, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. «Le changement opéré par rapport à cette manière d'appréhender les choses n'a pu finalement être rendu possible parce que le pays s'est brutalement trouvé confronté à une crise durable, générée par la chute des prix des produits pétroliers», a-t-il déclaré, rappelant que l'Algérie possède de fortes opportunités de placer des produits hors hydrocarbures à l'étranger, à la condition, «que la réglementation des changes au niveau du Conseil de la monnaie et du crédit adopte des standards internationaux». «On a perdu 115 exportateurs en 2015. On n'a pas voulu le signaler car c'est un signe négatif», a-t-il affirmé. «Sur le nombre de 500 exportateurs, il y a eu des déperditions et il y a environ 50 exportateurs réels qui réalisent 97% du chiffre», a-t-il déploré. Si l'objectif, maintes fois réitéré, d'investir les marchés étrangers n'a pu, jusqu'ici, être concrétisé, c'est en raison, de facteurs «bloquants», dont l'inertie des pouvoirs publics et le désintérêt des entreprises, davantage tournées vers la satisfaction du marché national, a déploré le président de l'Anexa. Parmi les entraves qui ont empêché les produits algériens de se placer à l'étranger, il a relevé entre autres, «l'empêchement» d'y installer des bureaux de liaison et des agences bancaires, mais également le sentiment de «méfiance» à l'encontre d'exportateurs perçus comme de potentiels «suspects». «Il faut revoir tout ce qui est transport, réglementation des changes… et il faut avoir des capacités de fret car on n'en a pas. Il y a des possibilités d'exportation de produits agricoles que nous ne pouvons malheureusement pas faire. Par exemple, au niveau de l'aéroport Houari-Boumediene il y a un scanner de voyageurs qui traite l'exportation des produits agricoles ! Chose qui est vraiment inadmissible !», a détaillé Ali Bey Nasri. Revenant sur les possibilités immédiates s'offrant à l'Algérie pour exporter, Ali Bey Nasri, a cité en exemple le boycott imposé par la Fédération de Russie aux produits agricoles de l'Union européenne et de la Turquie. «C'est une opportunité, d'y placer des produits que nous avons en excédent tels la tomate et la pomme de terre», a-t-il soutenu et de déplorer un peu plus loin que les «gains politiques» récoltés par l'Algérie, dans les pays africains, en particulier, n'aient pas été fructifiés au plan économique. «Nous sommes au début de l'exportation de produits manufacturés. Je parle d'électronique grand public, de matériaux de construction et de certains produits issus de la mécanique, nous sommes au début d'un processus qu'il faut consolider», a-t-il expliqué. Ali Bey Nasri a cité l'exemple d'une grande entreprise algérienne spécialisée dans la fabrication d'électroménager qui a conclu des marchés importants au Sénégal et au Cameroun. «L'électroménager aussi est un segment en très forte croissance. On peut le placer et faire un positionnement de produits», a-t-il affirmé. Considérant que le pays avait, jusqu'ici manqué de vision, Ali Bey Nasri appelle à dresser un diagnostic des erreurs passées et à construire une compétitivité, estimant qu'il appartient désormais à l'Etat à jouer son rôle d'accompagnement et de facilitation » pour réaliser l'objectif d'exporter.