Résumé de la 347e partie n Allais-je apaiser son chagrin en lui disant ce que je m'apprêtais à lui dire, ou au contraire lui en faire davantage ? Elle fronça les sourcils, comme elle le faisait jadis quand elle était enfant et qu'elle essayait de résoudre un casse-tête chinois. — Je ne comprends pas. — Charlotte-ah, c'est moi, ta mère. A nouveau, le silence envahit la pièce, comme si une chape de plomb était descendue sur les onze personnes qui s'y trouvaient. Même M. Sung, à qui j'avais confié tous mes secrets, demeura sans voix. Même les policiers, qui ne connaissaient rien de l'histoire de notre famille, semblaient frappés de stupeur, conscients qu'une grande révélation était sur le point d'avoir lieu. — Le soir où Gideon est venu chez moi, dis-je, la veille de mon départ pour Hawaii avec Iris, il est resté avec moi pour me consoler. Puis, le lendemain, il s'est envolé avec nous pour Hawaii, où Iris a accouché d'un bébé qui n'a pas survécu plus de deux heures. Charlotte, j'avais quarante-neuf ans à l'époque, et je ne pensaispas que je pouvais encore avoir un enfant. Et pourtant, c'est arrivé, et tu es née deux mois après le bébé d'Iris. Lorsque nous t'avons ramenée à la maison, nous avons dit à tout le monde que tu étais sa fille. A ces mots, Charlotte écarquilla de grands yeux étonnés — ses grands yeux verts qu'elle avait hérités deRichard Barclay. — Tu veux dire que...? — Gideon était ton père. Je me souviens, Charlotte, qu'il y a très longtemps tu m'as dit que je ne t'aimaispas, parce que j'étais stricte et que je cherchais à te protéger. Mais je t'aimais, Charlotte, et je t'aime encore, plus que ma propre vie, parce que tu es l'enfant née de mon amour avec Gideon. Les yeux ébahis de Charlotte errèrent un instant sur mon visage buriné, comme un voyageur égaré quicherche son chemin. Elle me regardait différemment à présent, cherchant à tisser de nouveaux liens avec moi.Ce que je venais de lui révéler n'était pas facile à digérer. Je savais qu'il lui faudrait un certain temps pour en prendre toute la mesure. Et peut-être n'y parviendrait-elle jamais tout à fait. Peut-être, désormais, poserait-elle toujours sur moi ce même regard étonné. Je tendis la main à Jonathan pour qu'il m'aidât à me relever de cette banquette diabolique, puis je m'approchai de Desmond, encadré par deux policiers. — Tu es mon petit-fils, dis-je. C'est moi qui t'ai aidé à naître. Mes mains sont les premières à t'avoir touché lorsque tu es venu au monde. Je t'ai aimé dès le premier instant. Peut-être aurais-je dû te garder avec moi, comme je l'ai fait pour Charlotte. Mais je pensais que ta vie aurait été meilleure si tu t'étais appelé Barclay.Peut-être ai-je commis une erreur en ne te révélant pas ta véritable identité.., mais je l'ai fait pour ton bien, Desmond. Car tu as du sang chinois dans les veines, et à l'époque les préjugés raciaux étaient très forts. A suivre