Résumé de la 315e partie n Ma fille, Iris, était devenue une jeune et jolie femme. J'ignore pourquoi elle éprouvait soudain le besoin d'aller vagabonder… Une fois je l'avais suivie, et j'avais remarqué qu'elle marchait comme quelqu'un qui a perdu son chemin et qui cherche des repères pour retrouver sa maison. Lorsque je l'interceptai à un coin de rue, elle me sourit et accepta de me suivre sans protester. Cependant je ne pouvais m'empêcher de me demander jusqu'où elle aurait pu aller en errant ainsi ? Je n'avais pas d'autre enfant, M. Lee n'ayant pu m'en donner ; après sa mort, les hommes que je fréquentais étaient des amis pour moi et rien de plus. Mon cœur appartenait à Gideon Barclay, et à lui seul, et Iris était l'enfant que nous avions faite ensemble. Cela me suffisait. Même s'il m'arrivait parfois de regretter de ne pas avoir de petits-enfants. Car je savais qu'Iris ne se marierait jamais, et que moi-même, âgée de quarante-neuf ans et veuve, je n'aurais plus jamais d'enfants. La lignée de Richard Barclay s'était arrêtée avec ma fille. Aussi, lorsque Mme Katsulis vint me trouver en se tordant les mains, le visage aussi pâle que les nuages flottant au-dessus de la baie, pour m'annoncer ce qu'elle avait découvert concernant Iris, je ne sus trop comment accueillir la nouvelle. Ma première réaction fut la colère, j'étais furieuse que quelqu'un ait pu toucher à mon enfant, mais aussi humiliée par le déshonneur qui s'était abattu sur nous. Mais ensuite, je songeai «Iris est enceinte et peu importe qui est le père, du moment que la lignée de Richard et de Mei-ling va pouvoir se perpétuer.» Lorsque j'annonçai la nouvelle à Gideon, il en fut, naturellement, scandalisé. Il voulait retrouver l'hommequi avait abusé d'elle et le faire punir. Cependant, nous ne parvînmes jamais à démasquer le coupable, car Iris avait quitté sa chambre un soir à l'insu de Mme Katsulis, qui dormait à poings fermés, et nous l'avions retrouvée le lendemain matin, endormie sur le belvédère. Nous pensâmes tout d'abord qu'elle était montée là-haut pour regarder les étoiles. Mais à présent je savaisqu'elle était partie une fois de plus errer dans les rues.Et s'il n'y avait eu sa bonne étoile et la bienveillance de la déesse Kwan Yin, ma fille aurait pu souffrir un sort bien pire. Gideon voulait que nous appelions la police. C'était sa façon à lui de résoudre les problèmes, la méthode américaine : faire appel à la justice. Mais il y avait aussi la façon familiale de résoudre les problèmes, la manière chinoise. Il était de mon devoir de protéger l'honneur de ma fille. — Je vais l'emmener à Hawaii, dis-je à Gideon. Elle accouchera là-bas, loin des regards indiscrets. Et quand nous reviendrons, je dirai qu'Iris s'est mariée, mais que son mari est mort dans un accident. — Harmonie, me dit Gideon avec une telle douceur que j'eus soudain envie qu'il me prît dans ses bras.Personne ne croira jamais à une telle fable. A suivre