Résumé de la 322e partie n Depuis sept ans que Margo et Adrian étaient mariés, ils n'arrivaient pas à avoir d'enfants. Gideon me demanda si je disposais d'un remède qui pût la guérir. Mais je lui rappelai que mes remèdes n'agissaient pas directement sur la maladie, mais que, ainsi que le veut la médecine chinoise, ils aidaient le corps à retrouver son équilibre et son harmonie et en conséquence à guérir. Et c'était précisément ce dont Margo avait besoin — retrouver son harmonie. Je lui remis une bouteille de tonique Golden Lotus, semblable à celui que j'avais pris moi-même chaque jour pendant des années. J'étais la preuve vivante, luidis-je, de l'efficacité de mes remèdes, car bien qu'âgée de cinquante ans la plupart des gens m'en donnaient dix de moins. La bouteille que je donnai à Gideon pourqu'il la remette à Margo ne provenait pas de mon usine, mais avait été confectionnée spécialement par moi-même, dans ma cuisine, selon la recette utilisée par ma mère, et par dame Lotus d'Or il y a plus de mille ans, et qui consistait à mettre tous les ingrédients dans une grande jarre de céramique remplie d'une liqueur chinoise appelée gao liang, puis à sceller hermétiquement la jarre et à laisser infuser pendant six mois. Après quoi, on filtrait l'infusion, on rajoutait de la liqueur gao liang, puis on scellait à nouveau la jarre et on la laissait reposer pendant encore six mois. Parmi les puissants ingrédients qui composaient mon tonique se trouvaient l'angélique, qui régularise le cycle menstruel, de la poudre de ver à soie, qui calme le sang, et du placenta humain séché. Autant d'agents rajeunissants qui stimulaient la fertilité. Margot ne m'aimait pas. Elle ne croyait pas aux plantes médicinales, bien que celles-ci eussent fait d'elle une femme riche. C'est pourquoi, lorsque Gideon m'annonça qu'elle buvait chaque jour le tonique Golden Lotus, et qu'elle en redemandai, je compris que son désir d'enfant était profond et sincère. Au début du printemps de 1958, je découvris qu'Iris était à nouveau enceinte. Cette fois, nous ne partîmes pas à Hawaii. Et je ne dis rien à Gideon. J'enfermai Iris dans sa chambre, informant Gideon et nos amis que ma fille était tombée dans l'escalier et qu'elle devait garder le lit en raison d'une paralysie temporaire. J'engageai deux infirmières pour seconder Mme Katsulis et surveiller ma fille vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je donnai à Iris autant de puzzles que nécessaire pour la garder occupée. Sept mois plus tard, quand ma fille accoucha, je jouai les sages-femmes pour mettre au monde mon petit-fils. Ma décision était déjà prise. Après avoir examiné le bébé soigneusement à la lumière et m'être assurée qu'il n'avait pas le type chinois, je le pris à Iris pendant que celle-ci était endormie, je le baignai, l'enveloppai dans des langes, et me rendis en pleine nuit chez Margo. Je lui racontai que j'avais été appelée au chevet d'une amie dont la fille était en train d'accoucher. A suivre