Portrait n «Highway to Lelahell» est un documentaire de 52 mn qui retrace le parcours de Redouane Aouameur, un chanteur emblématique du metal algérien riche de 23 ans qui d'ailleurs se confond avec l'histoire du metal en Algérie. Le film évoque sa carrière musicale et, à travers elle, l'histoire du metal en Algérie depuis les années 1990, époque de son émergence, jusqu'à aujourd'hui. Ce film, qui retrace l'évolution de ce genre musical sur la scène algérienne, est mis en ligne sur YouTube. A la question de savoir comment l'idée lui est venue de faire un documentaire sur sa carrière et sur le metal, Redouane Aouameur, celui qu'on considère come un «metaleux jusqu'au bout des ongles, totalement engagé pour la musique et surtout pour la diffusion et la présentation de ce style musical, loin des clichés et des préjugés», répond : «L'idée était de faire au début un documentaire sur le metal algérien en général, mais j'ai fini par opter en premier lieu pour un documentaire sur ma carrière, car j'avais tout ce qu'il fallait comme matière pour le faire. Donc, j'ai rencontré un ami, Mehdi Oussayef, qui a une boite de production audiovisuelle, je lui ai parlé du projet et il a été d'accord pour le concrétiser. On a alors tout de suite commencé le travail.» Quel est l'objectif de cette réalisation ? A cela, il rétorque : «Le message que l'on veut véhiculer à travers ce documentaire consiste à dire que cette musique n'est pas nouvelle en Algérie et qu'elle fait partie de l'histoire de notre pays, qu'on le veuille ou pas !, et qu'il ne faut surtout pas essayer de faire disparaître ce genre, qui apporte une certaine diversité et richesse à notre culture musicale. Et comme l'a si bien dit le plasticien M'hamed Issyakhem : un pays qui n'a pas de culture est un pays mort, et nous où en sommes-nous ?» C'est ainsi que Redouane Aouameur regrette le fait qu'on continue encore aujourd'hui à méconnaître ce genre musical et à lui coller de nombreuses fausses étiquettes. Et de déplorer : «Ce genre de musique restera marginalisé dans notre société tant qu'il n'y aura pas d'ouverture et tant que la culture restera entièrement dépendante de l'Etat. Mais bon ceci est un autre débat…» Et «Highway to Lelahell» se révèle une excellente opportunité de corriger le regard que l'on porte sur le metal en Algérie et montrer que la passion pour ce genre d'expression musicale existe toujours et ses adeptes continuent de résister, de se battre, pour présenter la véritable image du métal. Notons que le metal algérien s'est exporté de la plus belle manière avec notamment le groupe Lelahell. Chanteur, bassiste et surtout guitariste aujourd'hui, il se raconte dans ce documentaire et y évoque les groupes dont il a été l'un des fondateurs, à l'exemple de Neanderthalia, Carnavage, Devast, et bien évidemment la légendaire aventure du groupe Litham, sans oublier la formation Lelahell, dont il est aujourd'hui le leader. Des images inédites, des extraits exclusifs de concerts et des témoignages d'anciens membres de groupes et d'acteurs de la scène metal nationale, viendront agrémenter le récit de Redouane Aouameur, qui abordera également le Festival Lelahell, qu'il a créé et organisé de 2002 à 2006. Yacine Idjer l «Highway to Lelahell» est un film qui, dès sa sortie, a été mis en ligne sur YouTube. D'où la question : pourquoi avoir choisi de le diffuser sur YouTube et pas en salles de cinéma – avec projection presse pour le promouvoir ? «On voulait faire l'avant-première à la salle Mohamed-Zinet de Riadh el-Feth, et comme on n'a pas eu le visa d'exploitation on a décidé de le mettre sur YouTube, et là on a réussi à faire l'avant-première en salle le 11 février dernier grâce au collectif Mayhem Corp en partenariat avec l'OPCA, qui ont réussi à nous obtenir la salle Omar-Khayam (ex-Debussy) pour faire l'avant-première et sans forcément avoir un visa d'exploitation». Redouane Aouameur explique que «Highway to Lelahell» est également une occasion de revenir sur les étapes marquantes du metal et du mouvement metal en Algérie. Curieux de savoir qu'est-ce que ce dernier retient de sa carrière riche d'expériences, il dira : «Je retiens qu'il y a eu plein d'embûches mais cela ne m'a pas empêché de continuer et je continue toujours à lutter pour que cette musique ne disparaisse pas dans notre pays. Il ne faut jamais baisser les bras !».Et à propos du documentaire, Redouane Aouameur s'est dit satisfait de la réalisation de ce film, car, souligne-t-il, «le documentaire nous a permis de dire au monde que le metal est aussi Algérien. Le documentaire a aussi boosté un peu l'image de Lelahell sur la scène metal internationale». Redouane Aouameur prépare, avec son groupe Lelahell, le deuxième album qui, si tout va bien, verra le jour fin 2016. Il a aussi un projet de tournée. Y. I.