Echec n Les résultats partiels et plusieurs sondages donnaient, hier soir, le non-vainqueur au référendum organisé sur un possible quatrième mandat pour Evo Morales. Si cette tendance était confirmée, il s'agirait de la première défaite politique d'Evo Morales, âgé de 56 ans et à la tête de son pays depuis 2006, qui devrait alors quitter le pouvoir début 2020, à la fin de son troisième mandat. Selon les derniers résultats officiels portant sur 54% des suffrages, le non obtient 55,9%, le oui 44,1%. Dès dimanche soir, la chaîne de télévision privée ATB annonçait, sur la base d'un sondage Ipsos à la sortie des bureaux de vote, que le non à la révision constitutionnelle l'avait emporté par 52,3% contre 47,7%. La chaîne Unitel, citant un sondage d'Equipos Mori, donnait, elle aussi le non-vainqueur, avec 51% contre 49%. Dans ce pays où le vote est obligatoire, 6,5 millions de Boliviens, plus 300 000 à l'étranger, étaient appelés dimanche à autoriser leur président à briguer en 2020 un quatrième mandat, pour rester au pouvoir jusqu'en 2025. Après l'annonce de la victoire du non par les médias, les opposants au président Morales ont organisé des fêtes populaires dans plusieurs villes, notamment à Santa Cruz, dans l'Est, et à Trinidad, dans le Nord-Est. «La Bolivie a dit non !», a lancé un des leaders de l'opposition, Ruben Costas, gouverneur de la province de Santa Cruz. «Nous allons attendre patiemment le coup de sifflet final du tribunal électoral, nous sommes optimistes», a affirmé lundi Evo Morales au cours d'une conférence de presse, promettant de «respecter les résultats, que ce soit le non ou le oui» qui l'emporte. Interrogé avant le scrutin par le quotidien espagnol El Pais, ce dirigeant socialiste, ancien berger de lamas devenu le premier président amérindien de la Bolivie, s'était montré serein face à une éventuelle défaite : «Je suis prêt. Avec un tel record (à la tête de la Bolivie, ndlr), je retourne heureux et content chez moi. J'adorerais être dirigeant sportif». Dès l'annonce des estimations des premiers sondages et des résultats partiels, le camp présidentiel n'a eu de cesse de qualifier ces chiffres de prématurés, misant notamment sur le comptage, effectué en dernier, des votes en zones rurales, les plus favorables à Evo Morales. Sceptique, le vice-président Alvaro Garcia, que le référendum devait autoriser lui aussi à briguer un quatrième mandat, a estimé «hautement probable que ces chiffres se modifient de manière radicale», appelant l'opposition à ne pas se réjouir trop vite face à ce qu'il qualifie de «match nul technique». «Il vaut mieux garder son enthousiasme et attendre avec patience les résultats» définitifs du Tribunal suprême électoral (TSE), attendus dans les prochains jours, a-t-il dit.