L'optimisme affiché il y a quelque temps par le ministre des Ressources en eau et de l'Environnement s'est sensiblement réduit. Alors qu'il affirmait qu'il n'y avait aucune raison de déclarer l'état de sécheresse, voilà qu'il a annoncé hier qu'«une telle hypothèse n'est plus à exclure si la situation persiste». «Nous ne déclarons pas l'état de sécheresse pour le moment, mais une telle hypothèse n'est pas à exclure si la situation persiste», a indiqué hier samedi Abdelouahab Nouri. «Il est encore tôt pour parler de sécheresse car l'éventualité d'importantes précipitations dans les jours à venir permettrait d'éviter cette hypothèse», a affirmé le ministre. Lors de la Journée technique sur «la réhabilitation des barrages», le ministre des Ressources en eau est revenu longuement sur la baisse de la pluviométrie qui persiste depuis plusieurs mois et qui fait craindre une diminution des réserves hydriques, synonyme de rationalisation de l'alimentation en eau courante. Reconnaissant que l'Algérie fait face à une situation de véritable «stress hydrique», M. Nouri a indiqué que le risque de décréter l'état de sécheresse n'est pas «écarté». Tout en rappelant que le taux de remplissage des barrages en exploitation à l'échelle nationale a dépassé 67% et que les barrages de Beni Haroun (Mila) et Bougherara (Tlemcen) étaient pleins à 100%, le ministre a estimé qu'il est prématuré de recourir à la rationalisation. «Nous avons encore espoir à ce qu'il y aura encore des pluies dans les jours à venir. Toutefois, il faut dire que nous suivons le problème de très près», a-t-il souligné.«Ce qui n'est pas le cas des autres barrages importants. Mais la situation pourra changer avec les apports des précipitations qui sont en cours et qui se poursuivent pour quelques jours encore», a-t-il dit. En somme, la situation devient de plus en plus inquiétante, alors que le ministre se voulait rassurant, lui qui a déclaré il y a moins d'un mois que la situation était maîtrisée. Ce qui l'a même poussé à écarter un éventuel plan d'urgence. «Ce plan aurait été envisagé si le taux de remplissage des barrages est faible», a-t-il dit avant d'indiquer que les taux constatés sont jugés satisfaisants au niveau de son département ministériel. Toujours optimiste, le ministre avait expliqué que «le taux de remplissage des barrages est appelé à augmenter durant les prochains mois» et qu'une nouvelle évaluation du niveau des barrages va être effectuée en janvier pour confirmer si l'Algérie est réellement en état de sécheresse ou pas. Un scénario catastrophique à ne pas exclure et dont les conséquences commencent à se faire ressentir. Nous apprenons, ainsi que les quantités d'eau du barrage de Taksebt dont bénéficiait la capitale seront remplacées par celles provenant du barrage d'Aserdoun, selon le ministre. Abdelouahab Nouri a précisé que la capitale connaissait un déficit en eau en raison de la baisse du niveau de remplissage du barrage de Bouroumi (Tipasa). Pour combler ce déficit, il a été décidé d'arrêter l'irrigation des terres agricoles à partir de ce barrage (30 millions de mètres cubes) qui sera consacrée exclusivement à l'alimentation en eau potable des wilayas d'Alger et de Blida, a fait savoir le ministre, évoquant des projets d'exploitation des nappes souterraines. Assia Boucetta Tizi Ouzou / Consommation d'eau Rationnement ou pas ? l Le ministre a réfuté, hier samedi, ce qui a été rapporté par des médias quant à la réduction des heures d'alimentation de la population de la wilaya de Tizi Ouzou en eau potable. Nouri a précisé que «pour le moment, nous n'avons pas envisagé de réduire les heures d'alimentation en eau potable». Il a été décidé que le barrage de Taksebt (Tizi Ouzou) n'alimenterait dorénavant que cette wilaya alors qu'il alimentait auparavant la wilaya d'Alger, a indiqué le ministre. Mais un document officiel de l'Algérienne des eaux (ADE) dont TSA a publié une copie a été affiché, mercredi dernier, dans plusieurs localités de la wilaya pour annoncer à la population la mise en place d'un programme de rationnement de l'eau potable.