Situation n Le Secrétaire général des Nations unies (ONU), Ban Ki-moon, entame ce samedi sa visite dans les camps des réfugiés, ensuite dans les territoires libérés de Bir Lehlou, dans le cadre sa tournée dans la région… Cette dernière le conduira également demain dimanche en Algérie pour parachever son rapport sur la situation au Sahara occidental qu'il soumettra au Conseil de sécurité en avril prochain. Après avoir été reçu hier vendredi à Nouakchott par le président mauritanien, Mohamed Ould AbdelAziz, Ban Ki-moon a déclaré que sa visite dans la région visait à relancer les négociations pour le règlement du conflit au Sahara occidental à travers l'organisation d'un référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui. Selon le plan de cette quatrième visite du genre, après celle effectuée par, Pérez De Cuellar, Boutros Boutros Ghali et Koffi Annan, M. Ban sera accueilli à l'aéroport de Tindouf, avant de rejoindre le camp des réfugiés sahraouis de Smara où il effectuera une visite à l'«Ecole du 17 juin», gérée par l'organisation onusienne. Il consultera également les services et les programmes dispensés dans cet établissement. Ensuite, M. Ban, rencontrera des jeunes et des étudiants sahraouis du camp de Smara. Après cette étape, le Secrétaire général sera accueilli, au siège du Front Polisario dans le camp des réfugiés sahraouis de Chahed al-Hafedh, par les responsables du Front, notamment par le président Mohammed Abdelaziz. Un point de presse est également prévu après cette rencontre entre les deux responsables. Dans l'après-midi, le responsable onusien se rendra dans la localité de Bir Lehlou, dans les territoires libérés, une première pour un Secrétaire général de l'ONU, elle coïncidera également avec le 40e anniversaire de la formation du premier gouvernement sahraoui (le 5 mars 1976), soit une semaine après la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), le 27 février 1976. Lors de cette étape, M. Ban rencontrera les autorités civiles et militaires sahraouies et prévoit aussi de rencontrer le personnel des Nations unies activant dans la région et compte visiter le groupe de la Mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum sur l'autodétermination au Sahara occidental, déployé à Bir Lahlou (Minurso). Ce sera l'occasion pour M. Ban de prendre connaissance des conditions de travail de cette mission onusienne, précise le plan de visite. Après avoir échoué dans sa tentative d'annulation de cette visite dans la région, pourtant approuvée par le Conseil de sécurité, le Maroc a essayé de la renvoyer à juillet de sorte qu'elle n'influera pas sur le prochain rapport de Ban Ki-moon et sur le renouvellement du mandat de la Minurso, prévu en avril. «Un message fort à l'adresse de l'occupant marocain» l Ce déplacement de M. Ban entamé mardi depuis l'Espagne est attendu par les Sahraouis comme une nouvelle ère et pour qu'elle soit un message fort à l'adresse de l'occupant marocain qui ne cesse de dresser des obstacles devant les efforts de la communauté internationale pour résoudre le conflit. Le chef des négociateurs sahraouis, Khatri Addouh, avait indiqué récemment que cette visite de M. Ban, serait l'occasion «pour voir comment pousser le processus de négociation et la recherche d'une solution pacifique au Sahara occidental», entre les deux parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario. Pour sa part, le Premier ministre sahraoui, Taleb Omar, a précisé que la question sahraouie s'apprête à entamer une nouvelle étape notamment après avoir acquis plus de reconnaissance au niveau régional et international et après que «le Maroc s'est avéré être une partie entravant la solution pacifique à travers son refus de la visite de Ban Ki-moon». Exactions et torture dans l'agenda de la Minurso l L'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme dans les territoires occupés sera également évoqué, a indiqué M. Ould Salek, ajoutant que la partie sahraouie va exiger que des enquêtes soient faites sur les violations, les dépassements, les exactions et la pratique de la torture par les forces d'occupation marocaines contre les Sahraouis. «Nous soulèverons toutes ces questions», a-t-il notamment indiqué. Dernière colonie en Afrique l Le Sahara occidental est reconnu par plus de 84 pays à travers le monde. Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1 514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupée depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France. Le pillage des richesses au menu l La question des ressources sahraouies et l'exploitation illégale par le Maroc de ces richesses sera, également, abordée. «Nous allons exiger l'arrêt immédiat de ces pratiques coloniales», a ajouté le responsable sahraoui, indiquant que les Nations unies doivent assumer leur responsabilité quant à l'application des résolutions internationales. «Le combat de notre peuple jouit d'une solidarité internationale très forte et très grande. C'est grâce à cette solidarité internationale à travers l'Europe, l'Afrique l'Asie et l'Amérique latine, que la question du Sahara occidental se trouve sur la table du Conseil de sécurité et dans l'agenda de l'ONU», a-t-il affirmé, soulignant que cette solidarité évolue d'une manière «continue». Référendum d'autodétermination : «une urgence» l Dans une déclaration à l'APS, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohammed Salem Ould Salek a indiqué que la visite de M. Ban Ki-moon à Smara (camps des réfugiés) et dans les territoires libérés (Bir Lehlou), prouve l'importance de la question sahraouie et démontre les efforts et la détermination de l'ONU pour mettre un terme à cette colonisation marocaine. Le chef de la diplomatie sahraouie a indiqué que lors de cette rencontre avec M. Ban, les responsables sahraouis vont insister sur l'urgence de l'organisation du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. La Minurso doit achever sa mission pour laquelle a été engagée depuis 1991, en organisant un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, a souligné M. Ould Salek, affirmant que cette question sera abordée avec M.Ban, à l'occasion de sa visite. La Rasd : une réalité nationale, régionale et internationale l La République arabe sahraouie démocratique (Rasd) a démontré, quarante ans après sa proclamation, qu'elle était une réalité nationale, régionale et internationale, a relevé le chef de la diplomatie sahraouie. Sur le plan national, a expliqué M. Ould Salek, le peuple sahraoui était toujours indépendant comme il avait été confirmé par la Cour de justice internationale, lorsqu'elle avait rendu son verdict affirmant que le Sahara occidental n'a jamais fait partie du Maroc, alors que le peuple sahraoui avait proclamé sa République après un combat contre le colonisateur espagnol. «La proclamation de la Rasd est conforme avec la légalité internationale et aujourd'hui la communauté internationale et l'ONU ne reconnaissent pas la — prétendue — souveraineté de l'occupant marocain sur le Sahara occidental», a-t-il encore soutenu. Une réalité régionale, selon le diplomate sahraoui, parce que l'environnement avoisinant la Rasd ne reconnaît pas également cette souveraineté marocaine sur ces territoires, comme elle est une réalité continentale, du fait que la République sahraouie est un membre à part entière de l'Union africaine (UA), et membre fondateur de cette institution, a notamment expliqué M. Ould Salek qui a rappelé que le Maroc se trouve aujourd'hui être le seul pays africain qui n'est pas membre de l'UA.