Résumé de la 1re partie Dans les décors somptueux de l?Ecosse, un homme est seul sur son cheval. Il n'y a qu'une seule solution. Une seule. Et Callom pousse son cheval dans le petit goulet de rochers et entre dans l'eau. Il flatte doucement l'animal pour le faire avancer. Ils n'ont jamais fait cela dans la tempête, mais ils vont essayer, c'est la seule chance. Le cheval de Callom s'appelle «Speedy», c'est un bon cheval, fort, solide. Sous l'impulsion de son maître, Speedy avance vers le large, oreilles dressées, naseaux fumants. Il ne bronche même pas dans les tourbillons de vagues, il lutte avec application ; il n?est plus qu'un seul effort concentré. Callom a décidé de tenter l'impossible : aller chercher un homme au moins, avec son cheval. Pour l'instant, le courant les entraîne vers le large, c'est le plus facile. A condition d'y voir quelque chose et d'arriver au bon endroit. Courbé sur le dos de Speedy, le visage dans son cou, les deux mains agrippées aux rênes qu'il a enroulées autour de ses poignets, Callom se met à crier dans les vagues pour se faire repérer, car les autres n'ont pas dû le voir. lIs ne s'attendent sûrement pas à être secourus par un homme à cheval, en pleine mer. Enfin Callom entend un autre cri, il aperçoit une tête, des bras accrochés à un bout de bois. Il rejoint l?homme, mais ne parvient pas à le hisser sur le dos du cheval qui ne peut pas rester immobile, obligé de nager en rond pour se maintenir en surface. Callom s'épuise en efforts, manque de déraper lui-même sur le dos de sa bête, mais finalement l'homme s'accroche tout simplement au cou du cheval de ses deux bras noués et l'étrange équipage fait demi-tour vers la côte. Speedy doit lutter dix fois plus qu'à l'aller ; il rue et se cabre contre les vagues, disparaît sous l'eau avec ses deux hommes, resurgit tout blanc d'écume en hennissant sous l'effort démesuré. Callom sent les muscles de la bête, sous lui, tendus, durcis. Speedy a réussi à toucher le fond des rochers, il doit avoir les sabots en sang, il marche et nage en même temps, mais il avance, il avance... Lorsqu'il atteint enfin le fond de sable, Speedy se dresse comme un diable hors de l'eau et, d'un bond prodigieux, atteint la crique. Il tremble de tous ses membres et secoue la tête avec rage d'avant en arrière. Le marin est sauf, il crache de l'eau et du sable, il saigne de mille petites écorchures, mais il est sauf. A plat ventre sur le sable de la crique, il récupère sa vie à petits coups. Et les autres, là-bas ? Callom fouille la mer de ses jumelles, il voit des têtes. Il faudrait y retourner, et vite. Callom regarde son cheval. Si seulement il comprenait. Si seulement Callom pouvait lui dire : «Vas-y tout seul, Speedy, tu en ramèneras au moins deux sans moi...» Callom tire son cheval par le coI et le ramène vers l'eau. Il y entre avec lui, fait deux, trois mètres, le temps d'affronter la première vague, puis tente le coup, sans y croire, désespéré à l'avance. «Va, Speedy. Tout seul... Allez, va, Speedy...» Et il le lâche avec une grande tape sur la croupe. De toute façon, Callom se sent incapable d'y retourner lui-même, il grelotte de froid et d'épuisement, ses jambes tremblent de l'effort qu'il a fourni pour conserver son équilibre. Et l'incroyable se produit. Speedy avance, il continue d'avancer, il nage, seul, tout seul, vers le large. Il y retourne vraiment. Le c?ur de Callom s'emballe d'enthousiasme. Il se met à hurler des encouragements dans le vent : «Va, Speedy, mon beau... Va... C'est formidable, Speedy... Va... mon beau, va...» Il en pleure d'émotion, sort de l'eau comme un fou, attrape ses jumelles ; l'eau de mer et les larmes l'empêchent de distinguer clairement, mais il voit son cheval, son Speedy, arriver à la hauteur des épaves, il voit des bras s'accrocher à lui et il se remet à hurler, à l'appeler dans la tempête : «Viens, Speedy, viens...» Peu importe si le vent couvre sa voix, si Speedy ne peut pas l'entendre, Callom est transporté, hors de lui, et le marin n'en croit pas ses yeux. Cette bête est formidable, formidable ! A suivre