Résumé de la 2e partie Sous l?impulsion de son maître, Speedy avance vers le large, oreilles dressées, naseaux fumants. Une deuxième fois, Speedy ramène son chargement de rescapés. Et il en ramène deux. Cette fois, Callom le savait, il savait qu'il pourrait en ramener deux. Il suffisait que les naufragés comprennent et qu'ils s'accrochent à lui. Speedy lutte, lutte contre le courant, racle des sabots, rue, bondit et s'arrache une nouvelle fois à la mer en crachant de tous ses naseaux dans l'écume. Voici John Coolty, marin, et Somerset Finley, pêcheur, sains et saufs... L'un d'eux a la force de bafouiller : «Cet animal est fort comme un éléphant... il... il... m'a fait peur...» Alors, ivre d'enthousiasme, Callom guide à nouveau Speedy vers le large, entre dans l'eau avec lui, le flatte de la croupe... «Speedy, il en reste encore, va les chercher, va... Va, Speedy, mon beau... Va.» Les autres n'y croient pas, mais ils crient comme Callom, ils encouragent l'animaI. Et une troisième fois, Speedy repart en sauvetage dans l'océan furieux. Avec un peu plus de mal, mais il en revient, saignant de partout, mais traînant, accroché à son cou, George Hal, pêcheur, accroché à ses rênes, Timmy Dauwson, le mousse de quinze ans. Deux, plus deux, plus le premier, égal cinq rescapés. Mais Speedy n'en peut plus. L'un de ses antérieurs fléchit. Callom le supplie, il en reste deux là-bas. Il traîne son cheval, de force, et cette fois il repart avec lui dans la tempête, dans l'eau glacée et écumante ; cette fois il ne le lâche pas, il se laisse traîner dans son sillage et il lui parle sans arrêt, sans arrêt, comme à un homme. Speedy secoue les oreilles, des sillons de bave blanche se mêlent à l'écume autour de ses naseaux. Mais cette fois il n'y a plus d'épave, plus de têtes à fleur d'eau, plus rien. Rien. Rien que les vagues qui s'entrechoquent. Le dernier homme a disparu. Et la tête de Speedy a du mal à se redresser, ses pattes luttent désespérément dans l'eau verte et sombre. Callom et Speedy abandonnent. Ils affrontent une dernière fois ensemble les écueils et les rouleaux déferlants. Le retour est un cauchemar. Un dernier effort et Speedy s'immobilise sur le sable de la crique. Grand, fort, droit comme une statue devant son maître. Puis il s'écroule d'un bloc. C'était un matin de février 1927, sur la côte d'Ecosse, près de Loch Broon. Après avoir sauvé cinq hommes sur sept de l'équipage du «Beauty Fish», Speedy, le cheval d'écume, est mort d'épuisement aux pieds de son maître. C'était un cheval Hunter de six ans à robe noire. Un simple cheval. Un cheval dans le mauvais temps, qui avait bien du courage.