Le Pakistan et plusieurs pays et organisations internationales ont condamné d'une seule voix l'assassinat, mardi à Islamabad, du gouverneur de la province stratégique du Pendjab, Salman Taseer, figure du parti du peuple pakistanais (PPP, au pouvoir). Le Premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a dénoncé l'attaque armée qui a tué le gouverneur du Pendjab (centre), appelé au calme pour éviter de violentes manifestations, comme le pays en a connu dans le passé après des assassinats politiques, et décrété trois jours de deuil national. A l'étranger, l'assassinat de Salman Taseer (66 ans), tué par un de ses gardes en raison de son opposition à la loi sur le blasphème, selon les autorités, a suscité une large indignation. Après avoir condamné ce meurtre, le plus important dans le pays depuis l'assassinat en décembre 2007 de l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé que ce crime "est une perte pour le Pakistan". Pour les Etats-Unis, la mort du gouverneur de la province du Pendjab est également "une grande perte", selon Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine. L'assassinat de Salman Taseer a été également dénoncé "avec la plus grande fermeté" par la France estimant que le gouverneur du Pendjab, était "connu pour son courage dans la défense des institutions démocratiques". Pour sa part, la Haute représentante de l'Union européenne (UE) aux Affaires étrangères, Catherine Ashton, qui a fermement dénoncé l'assassinat du gouverneur du Pendjab, a appelé les autorités pakistanaises à traduire en justice les auteurs de ce meurtre "brutal". Par ailleurs, la dépouille de Salman Taseer a été transportée mardi soir à Lahore, capitale de la province du Pendjab et siège de son gouvernement, où ont eu lieu les funérailles nationales ordonnées par le Premier ministre. L'assassinat du gouverneur de la province du Pendjab, fait suite à une série d'attentats ou morts violentes de personnalités politiques au Pakistan, ces dernières années dont l'attaque suicide qui avait coûté la vie le 27 décembre 2007 à Rawalpindi, près d'Islamabad, à l'ancien chef du gouvernement Benazir Bhutto. Le meurtre du gouvernement du Pendjab intervient aussi quelques jours après une grève générale à l'appel des groupes conservateurs religieux, contre toute modification de la loi sur le blasphème. Vendredi dernier, des heurts avaient éclaté dans le pays entre manifestants et policiers lors d'un mouvement de protestation contre un éventuel amendement visant à supprimer la peine de mort en cas de blasphème. Ces troubles ont eu lieu bien que le ministre adjoint de l'information Samsam Bokhari ait jeudi catégoriquement affirmé que le gouvernement et le Parti du peuple pakistanais (PPP) au pouvoir n'entendaient pas soutenir une telle initiative. Ce tumulte a été déclenché par l'ancien ministre pakistanais de l'information Sherry Rehman du PPP qui a déposé récemment "à titre personnel" une proposition de loi visant à abolir la peine de mort pour blasphème.