«Excusez-moi, je n?ai pas de parasol pour vous protéger du soleil brûlant», lance Salim, le jeune vendeur-artisan de la Grande-Poste d?Alger. Ce jeune artiste propose une création variée. Sur sa minuscule table, on retrouve différents modèles. Colliers, bracelets et boucles d?oreilles berbères, arabes et même égyptiens, datant de l?époque pharaonique. Des pierres multicolores ornent sa création originale. On y distingue une touche personnelle apportée par des mains qui respirent la jeunesse et la passion. C?est un vrai artiste à 24 ans, qui sait faire briller ses colliers et ses bracelets fabriqués avec du fil téléphonique et du cuivre qu?il achète à la Casbah. L?enfant de Belouizdad, confie en montrant du doigt son sac à dos débordant d?autres productions qu?il adore son métier. «Je transporte mon atelier ambulant avec moi pour travailler partout, dans le bus, le taxi?» «Je n?ai jamais aimé l?école. Après mon exclusion, j?ai suivi une formation qui m?a permis de me lancer dans l?artisanat et de me faire livrer cette table pour vendre ce que je produis. Seuls mon travail et ma volonté ont fait que je sois là» Même en exprimant son amour pour son métier, Salim ne peut s?empêcher d?avoir le regard mélancolique. La vie n?a pas été tendre avec lui. Vivant au sein d?une famille nombreuse et pauvre, dans un quartier populaire, les problèmes le submergeaient de tous les côtés. «J?ai vécu des moments terribles et pénibles. Je ne pouvais même pas payer mes besoins les plus élémentaires. C?est cela qui a fait que je m?accroche à ma formation et à mon métier.» «La vie de l?artiste n?est guère facile, avoue notre jeune artisan. Il est jeté aux oubliettes et c?est à lui de tracer son chemin et d?aller à la recherche de la gloire. Il faut résister et aller au bout de ses rêves et de sa passion.» Son inspiration, il la doit à sa jeunesse et la lecture. «J?ai fabriqué, récemment, le collier complet de Cléopâtre avec ces bracelets et boucles d?oreilles. Il a été vendu à 1 200 DA. La cliente l?a tout de suite adoré». Rien n?est laissé au hasard, tout est calculé pour Salim. L?art est sa première histoire d?amour, son métier lui prend tout son temps et sa ? jeunesse. «Je souhaite percer encore et être un artiste de renommée», dit-il en précisant que la vie est un combat et qu?il ne faut jamais s?arrêter au premier obstacle.