Résumé de la 3e partie Nabila apprend que le jeune homme qui lui fait la cour, depuis une semaine, n'a que dix-neuf ans, alors qu'elle en a trente ! C'est le soir dans son lit qu'elle réfléchit à ce qui s'est passé. Sa mère lui a dit qu'elle ne peut sortir avec un garçon de cet âge, et surtout qu'elle ne peut pas l?épouser. Pour la brave femme, une liaison entre un homme et une femme n'a lieu d'être que si elle est accompagnée d'une demande en mariage ! Nabila pense que sa mère a raison, mais elle pense aussi aux propos du garçon dans le salon de thé. Il l'a regardée avec ses yeux couleur miel et il lui a dit : «Je t'aime !» Il a parlé avec une douceur telle qu'elle eut envie de pleurer. C'est aussi la première fois de sa vie qu'on lui fait ce genre de déclaration... Il l'aime, il l'aime et, en répétant ses mots, elle a l'impression de l'entendre parler et elle veut le revoir, assis en face d'elle, la couvant du regard. Son c?ur, à cette évocation, se met à battre plus fort. Elle s'effraye : aurait-elle, elle aussi, un sentiment pour ce garçon ? Elle se dresse sur son séant? Mon Dieu, est-ce possible ? Quelle est cette sensation qui l'envahit brusquement ? On dirait des pattes d'araignée parcourant son échine et la faisant frémir... Que sont ces pensées qui l'envahissent ? Quelle est cette tendresse subite qui la remplit pour un jeune homme qui pourrait être son petit frère ? Mais elle parvient à dominer son trouble et elle se dit : non, elle ne peut pas s'éprendre d'un gamin, elle ne peut pas se faire d?illusions sur une liaison qui n'a aucune chance d'aboutir ! Puis elle se dit : «Mais pourquoi m'a-t-il choisie, moi ? N'y a-t-il pas d'autres filles, plus jolies et surtout plus jeunes que moi à courtiser ? N'y a-t-il pas d'autres c?urs à prendre, des c?urs qui ne demandent qu'à être pris ?» «Ces c?urs, se dit-elle encore, il les a refusés : c'est elle qui lui plaît, c'est elle qu'il aime, c'est elle qu'il veut...» Ne dit-on pas que le c?ur a ses raisons que la raison ne connaît pas ? Ne dit-on pas que l'amour est aveugle ? Jusque-là, elle a toujours rêvé de rencontrer un homme qui la rende heureuse, non pas un homme dont elle serait obligatoirement amoureuse, mais un homme honnête et travailleur, qui fonde avec elle un foyer et lui permette de mener une vie paisible, à l'abri du besoin... Sa mère lui a toujours dit qu'il faut viser avant tout le mari honnête, l'amour, du moins la tendresse, vient toujours après. Et voilà que l'amour vient vers elle, avant le mari, se moquant de tout, y compris de l'âge auquel la société accorde une si grande importance... Elle ne sait plus quoi penser, que faire. Demain, Karim l'attendra encore à la sortie du bureau et viendra vers elle. Si au moins, il était brusque, si au moins il avait un comportement vulgaire, elle saurait lui répondre et, au besoin, recourir à la force, pour le renvoyer définitivement. Mais il est si doux, si beau, si épris qu'elle se sent désarmée devant lui. Alors, se demande-t-elle encore avant de sombrer dans le sommeil, va-t-elle le renvoyer ou pas ? Va-t-elle, s'il lui en fait la proposition, sortir avec lui ? Et surtout, surtout : a-t-elle un sentiment pour lui ? Elle préfère laisser ces questions en suspens... Karim, lui, triomphant, sûr de lui, envahit ses rêves? (à suivre...)