Projet de loi n L'état d'urgence rétabli le 4 avril au Mali a été prorogé jusqu'à la mi-juillet pour «poursuivre la lutte contre le terrorisme» dans ce pays en proie à des attaques djihadistes... Le conseil des ministres hebdomadaire tenu mercredi sous la présidence du Premier ministre Modibo Keïta "a adopté un projet de loi autorisant la prorogation de l'état d'urgence" qui avait été réinstauré par décret le 4 avril pour dix jours et qui "arrive à expiration le 14 avril à minuit", indique le compte rendu de cette réunion diffusé par le gouvernement. Son adoption permettra de poursuivre la lutte contre le terrorisme et les autres menaces à la sécurité des personnes et de leurs biens sur l'ensemble du territoire national affirme-t-il. Cette mesure d'exception donne notamment plus de possibilités d'intervention aux forces de sécurité et restreint les rassemblements. L'état d'urgence avait été proclamé au Mali une première fois pour dix jours au soir de l'attaque par des islamistes de l'hôtel Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre (20 morts, outre deux assaillants tués), et de nouveau le 21 décembre pour dix jours. Le 31 décembre, il avait été prorogé pour trois mois, jusqu'au 31 mars, puis réinstauré le 4 avril pour dix jours. Le Mali est régulièrement confronté à des attaques contre ses forces de sécurité mais aussi contre les forces étrangères - de la France et sous mandat de l'ONU - depuis le déclenchement, en janvier 2013, d'une intervention militaire contre des groupes jihadistes, qui se poursuit actuellement. Sur le plan politique, l'opposition malienne a annoncé hier mercredi son retrait d'un cadre de concertation politique avec le gouvernement pour marquer son désaccord sur un projet de calendrier des élections locales, reportées à deux reprises. Initialement prévues au premier trimestre 2015, les élections communales, régionales et du District de Bamako ont été repoussés à octobre 2015. Mais un mois avant leur tenue, le gouvernement avait annoncé leur report sine die. Dans une déclaration commune lue lors d'une réunion - et diffusée hier mercredi à la presse -, l'opposition a estimé que le gouvernement comptait organiser les élections locales "en faisant fi de la situation sécuritaire générale du pays" notamment. Elle a annoncé qu'à compter de mardi, elle n'acceptera "plus de s'associer à une quelconque concertation qui ne prend pas en compte les vrais problèmes politiques et institutionnels du pays". "Nous quittons le cadre de concertation, parce que le gouvernement malien veut faire adopter par force, et sans négociations, les nouvelles dates des élections communales et régionales, alors que la sécurité n'est pas revenue sur le territoire nationale", a déclaré Boubacar Karamoko Coulibaly, de l'Union pour la République et la démocratie (URD, principal parti d'opposition). pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie,Niger et Tchad) pour contrer la menace des groupes jihadistes. R. I. / Agences La menace djihadiste persiste l Le Mali est régulièrement confronté à des attaques contre ses forces de sécurité mais aussi contre les forces étrangères - de la France et sous mandat de l'ONU - depuis le déclenchement, en janvier 2013, d'une intervention militaire contre des groupes jihadistes, qui se poursuit actuellement. Ces groupes armés liés à Al-Qaïda ont contrôlé le nord du Mali de mars-avril 2012 à janvier 2013, à la faveur de la déroute de l'armée face à une rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée. Ils ont été dispersés et en grande partie chassés par l'intervention militaire internationale. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Mardi, trois soldats français ont été tués par l'explosion d'une mine au passage de leur véhicule blindé. L'explosion est survenue lors d'une opération de la force française Barkhane à l'approche de la ville de Tessalit, au nord du Mali. Selon le ministère de la Défense, les victimes se trouvaient à bord de l'engin de tête d'un convoi d'une soixantaine de véhicules qui a touché une mine et explosé. La force française Barkhane mobilise 3.500 hommes déployés dans cinq Attentat en Côte d'Ivoire : des personnes «activement recherchées au Mali» l Des personnes ayant des liens avec l'attaque jihadiste qui a fait 19 morts le 13 mars en Côte d'Ivoire sont «activement recherchées au Mali», a déclaré mercredi le ministre ivoirien de l'Intérieur, précisant que 83 personnes au total ont été interpellées depuis l'attaque. «Aujourd'hui des personnes sont activement recherchées au Mali particulièrement, mais (elles sont) identifiées, ça veut dire qu'elles ne vivent plus comme avant, la terreur a changé de camp», a affirmé Hamed Bakayoko, sans plus de détails sur leur nationalité ou leur nombre, lors d'une cérémonie dans la station balnéaire de Grand-Bassam (à 40 km d'Abidjan), théâtre de l'attaque. Le 27 mars, deux Maliens ayant «activement participé» à l'attentat de Bassam avaient été arrêtés à Gossi et Goundam, des localités situées dans le nord du Mali. Ces deux personnes "ont reconnu les faits et ont donné des détails sur la préparation", a affirmé le ministre de l'Intérieur. "Cela nous a permis de démonter leurs cellules dormantes. Aujourd'hui ce sont 83 personnes qui ont été interpellées, dont 16 qui ont un lien direct avec l'attentat. Les autres (ont) des liens plus ou moins apparents donc on a besoin de faire des vérifications", a-t-il annoncé, appelant à "lutter contre la radicalisation des jeunes". La Côte d'Ivoire a été visée pour avoir livré quatre membres d'Aqmi aux autorités maliennes. Le principal suspect, Kounta Dallah, est toujours en fuite. Les autorités ivoiriennes ont drastiquement renforcé les contrôles à leurs frontières et mis en place des mesures de sécurité dans le pays. L'armée repousse une attaque de djihadistes l L'armée malienne a repoussé une attaque menée dans la nuit de mardi à mercredi dans le centre du pays par des jihadistes présumés, dont un a été tué et cinq arrêtés. Des assaillants ont infiltré la ville de Boni, entre Douentza et Hombori, située aux marches du nord du Mali "avant le début de l'attaque", a précisé la même source militaire, l'attribuant aux "terroristes du Front de libération du Macina" (FLM), un groupe basé dans le centre du pays, apparu début 2015 et dirigé par le prédicateur radical malien, Amadou Koufa, un Peul. Le FLM est allié au groupe jihadiste malien du nord du pays Ansar Dine. Ces deux groupes revendiquent régulièrement des attaques dans le Nord et le Centre. L'attaque à Boni a cependant été revendiquée par un porte-parole d'Ansar Dine par téléphone auprès de l'agence de presse privée mauritanienne Al-Akhbar. Ibrahim Boubacar Keïta en «séjour médical» en France l Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, effectue un «séjour médical en France», en convalescence après avoir été opéré mardi à Paris d'une tumeur bénigne d'une glande située dans le cou, a annoncé hier soir la présidence malienne. Aucune indication n'a pu être obtenue dans l'immédiat sur la date d'arrivée en France du président Keïta, la durée de son séjour médical, l'hôpital où il a été opéré et sa résidence de convalescence. Les conseils des ministres hebdomadaires, qu'il préside habituellement, se sont tenus en son absence hier mercredi et le 6 avril, d'après les comptes rendus officiels de ces deux réunions.