Conjoncture n Le Conseil d'Etat libyen, la plus haute instance consultative issue de l'accord politique parrainé par l'ONU, a pris ses fonctions et tenu sa première réunion à Tripoli, renforçant le contrôle des nouvelles autorités sur les rouages de l'Etat. Après le nouveau gouvernement d'union nationale soutenu par la communauté internationale qui a commencé à prendre les rênes de ministères à Tripoli, le Conseil d'Etat s'est installé vendredi soir au siège de l'ancien Parlement de Tripoli, le Congrès général national (CGN). Aux termes de l'accord controversé conclu fin 2015 au Maroc entre des membres de forces politiques libyennes, les 145 députés du CGN deviennent membres du Conseil d'Etat. Un peu moins de la moitié de ces députés dont le président du CGN Nouri Abou Sahmein, ont refusé de se joindre au Conseil d'Etat mais leur décision n'a guère influé sur l'installation de la nouvelle institution. Vendredi soir, la présidence du Conseil d'Etat a ainsi annoncé son transfert dans les locaux de l'ex-Parlement. L'organe «a commencé sa mission dans son siège officiel à Tripoli», a indiqué le service de presse de cette instance législative sur sa page Facebook. Considéré comme «la plus haute instance consultative de l'Etat» par l'accord politique, le Conseil d'Etat travaille de pair avec le gouvernement d'union nationale conduit par le Premier ministre désigné Fayez al-Sarraj et installé à Tripoli depuis le 30 mars. L'avis du Conseil d'Etat «est contraignant pour le gouvernement d'union (...) en ce qui concerne les projets de loi qui doivent ensuite être soumis au Parlement qui, à son tour, les accepte ou les rejette». Ce Parlement est celui installé à Tobrouk dans l'Est libyen, dont une majorité de députés soutiennent les nouvelles autorités. Jeudi, ces députés ont exprimé dans une déclaration leur confiance au gouvernement, à défaut de pouvoir voter formellement en raison d'intimidations. Le Parlement de Tobrouk dépend d'un gouvernement parallèle qui refuse de céder le pouvoir dans l'est du pays avant un vote de confiance. Toujours à Tripoli, la Compagnie nationale de pétrole (NOC), qui gère la principale ressource du pays, a annoncé que les autorités de l'est avaient été empêchées par le gouvernement d'union d'exporter 650 000 barils de pétrole du port d'Al-Hariqa. «J'ai prévenu le Premier ministre Sarraj et le Conseil présidentiel qui ont pris les mesures qui s'imposent pour interdire l'opération de chargement», a indiqué le directeur de la NOC, Moustafa Sanallah, dans un communiqué. Sur le terrain, une attaque contre un point de contrôle proche d'une installation pétrolière dans l'est de la Libye, a été effectuée hier samedi, par le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech), tuant un garde et en blessant sept autres, a indiqué une source militaire, citée par l'agence libyenne d'information Lana. «Une importante force menée par 60 véhicules» a lancé l'attaque «au niveau de la porte 52 au sud de Brega», à 700 km à l'est de la capitale Tripoli, a précisé la source militaire, précisant que l'attaque «menée, hier samedi, par l'EI a fait un mort et sept blessés parmi les gardes».