19 ans après sa création, la Bourse d'Alger peine à attirer les investisseurs. Ce peu d'engouement peut avoir plusieurs raisons, selon les spécialistes. Des raisons qui peuvent aller de l'absence d'une «culture boursière» jusqu'à un problème de procédure. D'où la nécessité d'opérer certains changements dans le fonctionnement de cette structure. Pourquoi donc ? Son directeur impute cette frilosité à l'absence d'une «culture boursière» et aux facilités d'accès des sociétés à des financements bonifiés auprès des banques, une situation, dit-il, qui pourrait très vite changer, «en raison du contexte actuel». Pour amener plus d'entreprises à intégrer la Bourse, Yazid Benyakoub, qui intervenait ce mardi matin sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, a plaidé pour un changement du modèle de financement dont elles bénéficient de la part des organismes financiers et du budget de l'Etat, afin qu'«elles assurent désormais celui-ci par le biais du marché». D'ailleurs, a-t-il annoncé, le Conseil des participations de l'Etat vient de lister huit sociétés publiques aptes à intégrer la Bourse d'Alger, dont la première, la cimenterie de Ain Kebira, devrait le faire incessamment. Reconnaissant un déficit d'information auprès des agents économiques, afin de les inciter à rejoindre son organisme, le directeur de la Bourse d'Alger s'est montré rassurant en affirmant que le «fait pour eux d'aller en Bourse ne les expose nullement à des risques de perte de leur société». «En coopération avec les Chambres de commerce et des organisations patronales, son institution s'est mise à organiser des rencontres avec les chefs d'entreprise pour leur expliquer tout l'intérêt à être cotées en Bourse et les divers avantages qu'ils peuvent en tirer», a-t-il dit. Parmi ces avantages, il a mis, tour à tour, en avant la défiscalisation «totale» des dividendes et les intérêts pouvant être tirés des cotations en Bourse, mais aussi une réduction d'impôts aux sociétés qui y sont cotées pendant plus de cinq années. Toujours s'agissant du non-engouement des entreprises algériennes pour la Bourse d'Alger, le président de la commission d'organisation et de surveillance des opérations en Bourse (Cosob), Abdelhakim Berrah, est allé dernièrement jusqu'à affirmer que les entreprises algériennes, notamment publiques, «ne sont pas prêtes» à s'introduire en Bourse malgré la nécessité de recourir à cette alternative au financement à travers le Trésor public, a-t-il estimé samedi à Alger. «Les demandes d'introduction en Bourse se sont multipliées les dernières années, mais en les traitant, ce que nous retenons c'est que les entreprises algériennes, notamment publiques, ne sont pas prêtes», avait-il en effet déclaré lors d'un séminaire destiné aux experts comptables sur le marché financier en Algérie. Le premier responsable de la Cosob a imputé cette situation au manque de culture financière et à la défaillance des systèmes managériaux des entreprises algériennes qui se limitent à une administration «procédurale et court-termiste».