Patrimoine n Palmyre fut du Ier au IIIe siècle la plus grande puissance commerciale du Proche-Orient, un statut la rendant incontournable dans la route de la soie… Cette ville est découverte par les marchands anglais d'Alep en 1691, et des descriptions de ses vestiges, enrichies de gravures saisissantes, sont publiées par Wood en 1753. Ainsi dès le XVIIe siècle, Palmyre devint célèbre en Europe. Ses magnifiques ruines, la qualité classique de son architecture remontant à l'époque romaine (IIe siècle), formèrent un contraste saisissant avec le désert alentour. Au XVIIIIe siècle, les Ottomans y installèrent une petite garnison, tandis que les archéologues venus d'Europe et des Etats-Unis commencèrent l'étude systématique des ruines et des inscriptions. Après la Première Guerre mondiale, la Syrie est occupée par les Français dans le cadre d'un mandat de la Société des Nations. L'armée française implante à Palmyre une unité de méharistes et construit un terrain d'aviation pour le contrôle aérien de la steppe. Les fouilles archéologiques sont organisées à grande échelle : le village qui occupait le sanctuaire de Bel est détruit. Le nom de Robert du Mesnil du Buisson, directeur de plusieurs missions archéologiques en Syrie et en Egypte entre 1919 et 1939, reste d'ailleurs «attaché à une importante mission archéologique française à Palmyre dont il eut la charge». Depuis l'indépendance de la Syrie, la ville moderne de Tadmor s'est considérablement développée. Le terrain d'aviation est devenu une base militaire, mais le projet d'en faire un aéroport civil pour développer le tourisme n'a jamais été mené à bien. Comme dans l'Antiquité, la ville vit de l'agriculture dans l'oasis, de l'élevage bédouin dans la steppe, tandis que les profits autrefois tirés du grand commerce sont remplacés par les revenus non négligeables du tourisme. Il faut dire que Palmyre fut du Ier siècle au IIIe siècle la plus grande puissance commerciale du Proche-Orient, prenant le relais de Pétra, la cité caravanière des Nabatéens. Palmyre exploitait une route caravanière qui gagnait les bords de l'Euphrate et les longeait jusqu'à la région de Babylone. De là, ces caravanes gagnaient des navires et partaient de là pour se rendre en Inde ou d'autres ports de l'Océan Indien. On a retrouvé une tablette votive laissée par un Palmyrénien nommé Abgar, en 256, sur l'île de Socotra au large de la Somalie. Les caravanes de Palmyre étaient des entreprises saisonnières et annuelles. Ce trafic caravanier s'est poursuivi jusqu'aux années 260. C'est après l'assassinat d'Odénat en 267-268, et la tentative de prise du pouvoir par Zénobie que les caravanes cessèrent d'être attestées. Beaucoup plus tard au VIe siècle, c'est la ville de la Mecque dans le Hedjaz qui prenait la succession de Palmyre comme plaque tournante du commerce caravanier. L. S. Visite dans une cité antique prospère l Mentionnée pour la première fois dans les archives de Mari au IIe millénaire av. J.-C., Palmyre était une oasis caravanière établie lorsqu'elle tomba sous contrôle romain dans la première moitié du Ier siècle et fut rattachée à la province romaine de Syrie... Palmyre (Cité des palmiers) dont le nom officiel en Syrie est Tadmor (Cité des dattes) devint peu à peu une cité prospère sur la route reliant la Perse, l'Inde et la Chine à l'Empire romain, grâce au commerce d'épices et de parfums, de la soie et de l'ivoire de l'est, des statues et du travail du verre de Phénicie. En 129, Palmyre est déclarée ville libre par l'empereur romain Hadrien et connaît son âge d'or au IIe siècle après J.C. En ce temps, la ville était beaucoup plus étendue que l'actuel site archéologique, pourtant très vaste. La ville était «construite selon une structure occidentale, une agora, de grandes rues, un théâtre, des temples, on pourrait presque la comparer à Rome», expliquait en mai 2015 Marielle Pic, qui dirige le département des Antiquités orientales au musée du Louvre. «Une des caractéristiques de Palmyre, ce sont de grandes tours funéraires à étages dans lesquelles les sarcophages étaient superposés», soulignait-elle. La prospérité de la ville culmina au troisième siècle, à l'époque de la reine Zénobie, qui défia l'empire romain. En 267 après J-C, le gouverneur arabe de Palmyre Odeinat est mystérieusement assassiné. Son épouse Zénobie prend le pouvoir. Poussée par son désir de liberté et de gloire, Zénobie prend possession de la Syrie en 270, envahit l'Egypte et lance ses troupes jusqu'au Bosphore, avant d'être renversée en 272 par l'empereur Aurélien. L. S. La reine Zénobie, ou la muse de Rossini l Zénobie, reine de Palmyre est connue dans le monde entier pour ses ambitions grandioses. Au IIIe siècle de notre ère, cette femme voulait devenir Impératrice de Rome et faire front à l'empereur Aurélien. Son âge d'or, la ville de Palmyre le doit en partie une femme, Septima Bathzabbai, plus connue sous le nom de Zénobie. Veuve d'Odénat, un chef de guerre syrien assassiné en 267, elle prend le titre de «reine des reines» et confère tous ceux de son défunt mari à leur tout jeune fils Wahballat. Dotée d'une forte personnalité, Zénobie profita de l'incapa-cité des empereurs romains à défendre la Syrie contre les Perses pour proclamer son jeune fils Wahballat empereur de Rome et pris elle-même le titre d'Augusta, c'est-à-dire d'impératrice. A partir de là ses ambitions sont devenues immenses. En 270, les troupes de Zénobie contrôlent l'Egypte, la Syrie, la Phénicie (approximativement le Liban actuel) et s'étendent même jusqu'à Ancyre (équivalent de Ankara en Turquie). Mais ces succès prennent fin avec l'arrivée au pouvoir à Rome d'un nouvel empereur, plus puissant : Aurélien. Les troupes romaines finissent par chasser les troupes palmyréniennes et à se frayer un chemin vers la ville qui tombe sans combat puisqu'elle n'a pas de remparts. Après la prise de la ville, Zénobie est faite prisonnière alors qu'elle tente de s'enfuir. Elle est emmenée à Rome, puis condamnée à l'exil à Tibur (aujourd'hui Tivoli). La date et les circonstances de sa mort sont inconnues. La reine de Palmyre a marqué les esprits et la culture. Elle incarne la femme de pouvoir, et est souvent représentée dans les arts, que ce soit à l'opéra, en peinture ou en sculpture, ou dans la littérature. Parmi ses références les plus célèbres dans la culture figurent l'opéra «Aureliano in Palmira» de Rossini, ou l'œuvre du dramaturge espagnol Pedro Calderon de la Barca intitulée «La gran Cenobia». L. S.