Constat n Sur les quelque 23 000 patients actuellement dialysés ou en pré-dialyse, seul un tiers est éligible à la greffe rénale, au regard de l'âge avancé du reste des malades. «Cette situation montre les limites de la greffe à partir de donneurs vivants et indique de façon claire que la seule alternative est la mise en place d'un cadre organisationnel adéquat assurant le développement de la greffe d'organes, de tissus et de cellules à partir de donneurs en état de mort encéphalique», a indiqué ce lundi matin le ministre de la Santé, qui a dévoilé ces chiffres édifiants. Corroborant ses dires par d'autres statistiques, Abdelmalek Boudiaf a fait savoir que pour la greffe rénale, la moyenne annuelle tourne, au mieux, autour de 230 greffes, ce qui est «très peu comparativement aux demandes éligibles potentielles», se comptant par milliers. La société «est favorable» au don d'organes, mais certaines contraintes limitent le développement du prélèvement à partir de donneurs décédés, selon le premier responsable du secteur. A ce propos, il a appelé à une «adaptation des urgences hospitalières pour une plus grande efficacité» de sorte à influer «positivement» sur les proches du donneur décédé potentiel, en les amenant à consentir au prélèvement. «Tous les services des urgences, et plus particulièrement ceux des centres agréés pour les prélèvements, doivent s'organiser pour que les équipements nécessaires au diagnostic de la mort encéphalique soient accessibles en H24», a insisté le ministre, notant que le donneur potentiel «peut se présenter à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit». Boudiaf est revenu, par ailleurs, longuement sur la mission incombant aux centres de prélèvement, à savoir «être en mesure d'assurer toutes les analyses biologiques nécessaires dans des délais médicalement acceptables». Le développement de la greffe à partir de donneurs décédés «devra être le fait d'un véritable plan de développement», a-t-il également préconisé, soulignant qu'avec la mise en place de l'agence nationale des greffes, les moyens sont «en passe d'être réunis pour assurer un démarrage effectif et pérenne» de cette activité. La mise en place des banques de tissus, ainsi que la mise sur pied d'une logistique codifiée s'agissant du transport des organes, des receveurs ou la mobilisation des transplanteurs, font également partie de ces moyens, a noté le ministre, s'engageant à «accompagner durablement» l'agence des greffes par une stratégie de sensibilisation et de communication. Plaidant pour une «actualisation du cadre juridique régissant l'activité de greffe et organisant les conditions du prélèvement», Boudiaf a insisté également sur une coordination hospitalière qui permette «à tous les intervenants de maîtriser les codes et protocoles en la matière». S'exprimant à l'ouverture du séminaire international sur la «coordination hospitalière pour le prélèvement multi-organes» sur donneur décédé, le ministre a relevé qu'»en dépit des avancées enregistrées dans le domaine des transplantions d'organes, l'activité demeure en deçà des besoins exprimés par les nombreux malades, en attente de greffes». Abordant la dimension religieuse de la question, le ministre de la Santé a considéré que «contrairement à l'idée répandue, celle-ci ne pose aucun problème», arguant de ce que le Haut Conseil islamique (HCI) ainsi que le fonds documentaire des institutions islamiques de référence «vont dans le sens de la promotion du prélèvement d'organes».