Résumé de la 7e partie n L'avocat, commençant à comprendre, leur dit gravement qu'ils risquaient une peine terrible. Il n'y avait pas quatre jours de cela, je m'en souviens comme si j'y étais encore ; nous étions en train de faner l'herbe dans le pré du fond, le plus vaseux ; nous vîmes M. l'avocat de Bellesme avec un monsieur et une dame et une belle petite demoiselle qui entraient dans le pré par la brèche qui est du côté du moulin ; tout de suite ils demandèrent à la Marguerite, la fille à la Martin, et qui travaillait le plus près de l'échalier, si la petite Léontine n'était pas par là. — La Marguerite se retourna de mon côté et me cria : Cette dame demande où est-ce qu'est Léontine. – Je compris bien sans peine ce que venaient chercher ces gens-là, et je leur dis en m'avançant : Je m'en vais la querir, Léontine ; – et la jeune dame aussitôt, se mettant à marcher aussi vite que moi, me disait : Attendez-moi, la maîtresse, ne la dérangez pas ; je veux aller avec vous ; où est-elle donc ? Que fait-elle ? Est-elle bien portante ? Est-ce une bonne petite fille ? Il ne lui a rien manqué, n'est-ce pas ? Elle ne vous a pas trop tourmentés ? La pauvre chère dame, on voyait qu'elle aurait voulu courir, et qu'à peine pouvait-elle se tenir debout. Et devinez ce que faisait Léontine : elle avait quitté l'autre pré, celui qui touche notre maison, où elle était censée garder les vaches avec mon gars et ma petiote, pour s'en aller, les galopins qu'ils étaient, secouer les griottes du grand griottier au coin de la cour de la ferme, sur le chemin qui nous sépare de la Pilière. Ma Clémence et la Léontine étaient sous l'arbre qui se barbouillaient de griottes jusqu'aux oreilles, tandis que le gars était grimpé dans le fin haut de l'arbre et en cassait toutes les branches pour en faire tomber les trochets. Quand elle nous vit tournant la haie, j'eus beau l'appeler : Léontine ! Léontine ! la vue de la belle dame et de la petite demoiselle, – elle était si timide ! – la fixa en terre, et elles ne bougeaient, Clémence ni elle, pas plus que deux pieux. Les larmes venaient aux yeux de la dame à chaque pas que nous faisions vers elle, et la pauvre femme se mit à sangloter si fort en embrassant l'enfant, que celle-ci, un brin effrayée, ne put s'empêcher d'en faire autant. – Veux-tu de moi pour ta maman ? lui dit-elle ; tiens, voilà une petite fille qui te dira que j'aime bien les petits enfants et que je les soigne bien, et tu auras des belles robes comme elle, et des bonbons et des griottes comme celles-là tous les jours. A suivre Charles-Philippe de Chennevières-Pointel