Crise n Si le 11 mai prochain, le Sénat vote sa mise à l'écart, la présidente brésilienne aura 180 jours pour convaincre de son innocence à coups de manœuvres politiques... Le Brésil entame en tout cas, l'une des semaines les plus critiques de sa jeune histoire démocratique qui verra probablement la présidente Dilma Rousseff écartée du pouvoir, deux ans et demi avant la fin de son second mandat. Point d'orgue de la crise politique qui déchire le plus grand pays d'Amérique latine, les sénateurs sont convoqués mercredi prochain, pour décider à la majorité simple l'ouverture d'un procès en destitution la première femme présidente du Brésil pour maquillage de comptes publics. L'issue du vote, qui devrait intervenir le lendemain jeudi, ne fait pratiquement aucun doute : une cinquantaine de sénateurs sur 81 ont annoncé leur intention de voter l'ouverture du procès. «Ce qui est en jeu, c'est une élection indirecte travestie en impeachment. Les usurpateurs du pouvoir, dont malheureusement le vice-président, sont complices d'une procédure extrêmement grave», avait dénoncé vendredi dernier, Mme Rousseff, excluant toute démission. «S'ils veulent faire un jugement politique de mon gouvernement, qu'ils aient recours au peuple brésilien et non à l'impeachment», a-t-elle déclaré samedi, suggérant la convocation de nouvelles élections, qui exigerait un improbable amendement à la Constitution. Les députés ont approuvé le 17 avril dernier, à une écrasante majorité la procédure d'impeachment. Environ 60% des Brésiliens souhaitent le départ de Mme Rousseff, selon les derniers sondages. A moins de trois mois du lancement des Jeux olympiques de Rio de Janeiro, le 5 août, plus de 200 millions de Brésiliens sont ainsi, suspendus aux incessants rebondissements de la crise politique et de l'énorme scandale de corruption Petrobras qui éclabousse désormais pratiquement toute l'élite politique du pays. La capitale Brasilia vit des heures de fin de règne. Les ministres font leurs cartons. Le Parlement est paralysé. Depuis quelques jours, l'agenda de Mme Rousseff se limite à des cérémonies de remise de logements sociaux au cours desquelles elle se dit invariablement victime d'un «coup d'Etat parlementaire». Son ancien allié, le vice-président Michel Temer, 75 ans, se prépare à assumer la présidence par intérim, après avoir acculé Mme Rousseff en poussant fin mars dernier, sa formation, le grand parti centriste PMDB, à claquer la porte du gouvernement. Ballet incessant de véhicules officiels, tractations : le centre du pouvoir semble s'être déjà déplacé à sa résidence de Jaburu, à quelques kilomètres du palais présidentiel du Planalto. M. Temer y peaufine la formation d'un gouvernement de redressement économique attendu avec impatience par les marchés : coupes budgétaires, réformes du régime des retraites, du droit du travail.