Crise n «Le dernier jour de mon mandat sera le 31 décembre 2018», a-t-elle martelé, hier soir, promettant de lutter jusqu'au bout de toutes ses forces, par tous les moyens légaux, tous les moyens de combat. Dilma Rousseff vit peut-être ses dernières heures à la tête du Brésil : les sénateurs se préparent aujourd'hui à l'écarter de la Présidence pour la soumettre à un procès en destitution pour «maquillage des comptes publics». Le second mandat de l'impopulaire dirigeante de gauche, âgée de 68 ans, ne semble plus tenir qu'au fil ténu d'un improbable sauvetage in extremis par le Tribunal suprême fédéral (STF). La Présidente a présenté hier soir un recours de dernière heure devant la haute juridiction, lui demandant d'annuler ce qu'elle dénonce comme un «coup d'Etat» institutionnel «sans armes ni baïonnettes». L'issue du vote, qui devrait intervenir dans la soirée ou dans la nuit, ne fait pratiquement aucun doute. Une cinquantaine de sénateurs sur 81 se sont dits favorables à l'ouverture du procès de cette ex-guérillera, torturée et emprisonnée sous la dictature militaire. Soit sensiblement plus que la majorité simple requise de 41 votes. Sauf énorme surprise, Mme Rousseff sera donc automatiquement écartée du pouvoir pendant un délai maximum de 180 jours, en attendant le jugement définitif des sénateurs, qui pourrait intervenir en septembre. Elle devrait être remplacée d'ici vendredi par son ancien allié devenu rival, le vice-président Michel Temer, 75 ans, dirigeant du grand parti centriste PMDB, qui a claqué la porte de sa coalition fin mars. En cas de destitution définitive de Mme Rousseff, Michel Temer assumerait la présidence jusqu'aux prochaines élections générales (présidentielle et lé gislatives), prévues en 2018. L'opposition accuse la présidente d'avoir commis un «crime de responsabilité» passible de destitution, selon la Constitution, en maquillant sciemment les comptes publics pour dissimuler l'ampleur des déficits de 2014, année de sa réélection disputée, et en 2015. Concrètement, elle lui reproche d'avoir fait supporter aux banques publiques des dizaines de milliards de dépenses incombant au gouvernement et d'avoir décrété des dépenses non inscrites à la loi de finances sans l'aval préalable du Parlement.