Ultimatum n Le président du Venezuela a menacé de relever le niveau de l'état d'exception qu'il a décrété, après des manifestations de l'opposition qui ont été réprimées. «C'est un recours dont je dispose en tant que chef d'Etat si le Venezuela est le théâtre de violence en vue d'un coup d'Etat et je n'hésiterai pas à le décréter si cela était nécessaire pour combattre en faveur de la paix et la sécurité de ce pays», a-t-il déclaré hier mercredi. A l'appel de la coalition d'opposition, la Table de l'unité démocratique (MUD), majoritaire au Parlement, les manifestants ont essayé en vain hier mercredi de rejoindre les sièges des autorités électorales dans une vingtaine de villes pour demander l'organisation d'un référendum afin de destituer le chef de l'Etat qui dispose désormais de pouvoirs étendus en matière de sécurité et tente de s'accrocher au pouvoir. L'opposition a également appelé la population comme l'armée à la désobéissance, après que Nicolas Maduro a décrété l'état d'exception. Dans la capitale, Caracas, où 14 stations de métro ont été fermées, compliquant les déplacements, un imposant dispositif policier a bloqué un millier de manifestants, dont les chefs de l'opposition. La police vénézuélienne les a dispersés par des tirs de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc. «Maduro dehors !» et «référendum, référendum !», criait la foule. Portant des tenues antiémeutes, des centaines de policiers, dont certains à moto, ont dispersé les manifestants qui ont riposté en jetant des projectiles. Les forces de l'ordre ont procédé à plusieurs arrestations musclées, à Caracas et en province, où les autorités n'avaient pas autorisé ces manifestations. Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez et mentor de Nicolas Maduro) et antichavistes s'est intensifié depuis que l'opposition a collecté début mai 1,8 million de signatures pour déclencher le processus d'un référendum, qu'elle veut organiser d'ici à fin 2016. Sur les réseaux sociaux, les photos et les vidéos d'actions de protestation ou de pillages se multiplient dans ce pays qui connaît le taux d'inflation le plus élevé du monde (700% prévu par le FMI pour 2016). La mobilisation d'hier mercredi intervient après une brusque crispation des deux camps : l'opposition a appelé l'armée et la population à la désobéissance, tandis que le président Maduro a invoqué une «fraude» pour que le référendum n'ait pas lieu. «Nous ne voulons pas de bain de sang ou de coup d'Etat», a déclaré pendant la manifestation le président de l'Assemblée qui plaide pour «un règlement pacifique» de cette crise politique. «Le référendum peut avoir lieu cette année et vous le savez. Evitons une explosion», a renchéri le principal leader des antichavistes Henrique Capriles. Le vice-président vénézuélien leur a répondu de patienter jusqu'au prochain scrutin présidentiel. «Cela se décidera à une élection, elle se gagne ou elle se perd. Maduro a été élu pour une période déterminée (2013-2019), attendez votre élection. Si vous gagnez, Maduro passe le pouvoir, tranquille. Quel est le problème ?», a-t-il déclaré. Refuser d'écouter l'opposition fait de Nicolas Maduro un «dictateur en herbe», a commenté le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA).