Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, est confronté à une situation inextricable Depuis la victoire d'une coalition d'opposition aux élections législatives, fin 2015, ce pays pétrolier est confronté à une crise politique, économique et sociale qui attise les tensions. Le Venezuela entamait hier une semaine cruciale, le président Nicolas Maduro devant préciser les contours de l'état d'exception décrété ce week-end tandis que l'opposition appelle à manifester demain pour réclamer un référendum révocatoire avant des exercices militaires prévus samedi. Alors que le pays sombre dans le chaos au milieu des coupures d'électricité quotidiennes, des services publics opérationnels uniquement deux jours par semaine, des pillages de commerces, des protestations et des lynchages, la tension est nettement montée d'un cran ces dernières 48h. Nicolas Maduro a décrété dans la nuit de vendredi à samedi l'état d'exception, faisant état de «menaces extérieures», avant d'ordonner samedi la saisie des usines «paralysées par la bourgeoisie» et l'emprisonnement des entrepreneurs accusés de «saboter le pays». Il n'a pas détaillé le contenu du décret qui devrait être publié hier et qui prolonge «pendant l'année 2016 et certainement pendant l'année 2017» un «décret d'urgence économique» en vigueur depuis la mi-janvier et qui expirait samedi. Lors d'un meeting samedi, Nicolas Maduro a accusé les Etats-Unis de vouloir «en finir avec les courants progressistes en Amérique latine». Pour se «préparer à n'importe quel scénario», il a donc ordonné pour samedi «des exercices militaires nationaux des Forces armées, du peuple et de la milice». Des responsables des services de renseignement américains cités par le Washington Post estiment que le gouvernement vénézuélien pourrait être renversé par une insurrection populaire cette année. «Vous pouvez entendre la glace craquer», résument ces membres des renseignement. Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro) et anti-chavistes s'est intensifié depuis que l'opposition a rassemblé début mai 1,8 million de signatures pour lancer le processus du référendum pour révoquer le président, qu'elle espère organiser d'ici fin 2016. Mais le vice-président Aristobulo Isturiz a douché les espoirs de la coalition d'opposition de la Table pour l'unité démocratique (MUD), majoritaire au Parlement, en rejetant dimanche toute possibilité de référendum. «(Nicolas) Maduro ne va pas quitter le pouvoir suite au référendum parce qu'il n'y aura pas de référendum (...) Ils (les responsables de l'opposition) savent qu'il ne va pas y avoir de référendum parce qu'ils s'y sont pris trop tard, trop mal et en commettant des fraudes», a-t-il déclaré lors d'un rassemblement de soutien à la présidente brésilienne Dilma Rousseff. Le gouvernement chaviste fait le parallèle entre le Venezuela et le Brésil, où la présidente de gauche a été écartée du pouvoir par le Parlement. Il accuse également l'opposition de préparer un «coup d'Etat» pour faire chuter Nicolas Maduro. «Ils devront tous nous tuer avant de nous faire un coup d'Etat parlementaire», a ajouté Aristobulo Isturiz. Les autorités électorales doivent encore se prononcer officiellement sur la recevabilité d'un référendum alors qu'un des chefs de l'opposition Henrique Capriles a appelé dimanche à de nouvelles manifestations dans tout le pays, demain devant les instances électorales. Mercredi dernier, lors de mobilisations avec le même mot d'ordre, les forces de l'ordre avaient bloqué des rues pour empêcher le passage des manifestants, à Caracas et dans d'autres régions. A l'image de l'opposition, les experts pointent le risque «d'explosion» du pays alors que sept Vénézuéliens sur dix réprouvent la gestion de leur président, selon un sondage de Venebarometro. Le pays a subi en 2015 une inflation de 180,9%, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7%, pour la deuxième année consécutive.