Evocation n M'hamed Benguettaf considérait les jeunes comme un capital, un potentiel créatif qu'il faut fructifier. Pour certains, ceux qui en ont entendu parler, M'hamed-Benguettaf reste un nom associé au Théâtre national algérien, puisqu'il était le directeur dudit établissement, mais pour d'autres, c'est-à-dire ceux qui l'ont connu ou côtoyé, c'est un homme de théâtre, un comédien, un metteur en scène et un dramaturge. Il est celui qui a fondé «Masrah Al Qala» avec Sonia, Ziani Chérif Ayad et Azzedine Medjoubi. Celui qui a laissé au moins 25 travaux pour le théâtre algérien est aussi celui qui a hissé le théâtre algérien à un niveau mondial. Et pour les plus jeunes, il est celui qui a offert à ces derniers la possibilité de monter sur les planches, il leur a donné l'opportunité d'y exprimer leur talent, soit en tant que comédiens, soit en tant que metteurs en scène, soit en tant qu'auteurs. En somme, il leur a ouvert les portes du TNA. Car M'hamed-Benguettaf considérait les jeunes comme un capital, un potentiel créatif qu'il faut fructifier. Et lorsqu'il était à la tête du TNA, son seul souci était d'assurer la relève, de créer une passerelle entre l'ancienne et la nouvelle génération. Il œuvrait à mettre en place un trait d'union, ce lien qui permettrait la circularité et favoriserait l'échange. Il misait sur la jeunesse, parce que celle-ci est l'avenir du théâtre, le théâtre de demain. Son autre souci est le public, d'où la programmation des repréentations théâtrales, et ce, de façon régulière. Le but est de fidéliser le public et de le réhabituer aux arts des spectacles. Pour tout cela, pour l'œuvre qu'il avait accompli, un espace lui est dédié au TNA. «Nous lui dédions cet espace pour lui rendre hommage. Un espace qui porte toute sa passion pour le théâtre», a déclaré Mohamed Yahiaoui, directeur général du TNA. Cet espace se veut un lieu de débats et de rencontres, et pour «une création théâtrale plus vivante, plus pédagogique et surtout un endroit de débats autour des pièces». Une fois par mois, le nouvel espace, situé au deuxième étage du TNA, accueillera des professionnels du théâtre et autres amateurs du 4e art, pour discuter de divers sujets. Pour la journée de samedi, journée de son inauguration, une rencontre y a eu lieu et qui a réuni plusieurs acteurs de l'art des planches. Elle était centrée autour du thème «La lutte de libération dans le théâtre algérien». Dans son intervention, Ahcène Thlilani, universitaire, a déclaré : «Il est important de donner une définition à ‘'Révolution''». Aujourd'hui, dans les pays arabes, tout le monde parle de «révolution», alors qu'il s'agit en fait d'un mouvement de réformes. Faire une révolution, c'est renverser la table, tout changer. Dans le monde contemporain, je ne connais que deux Révolutions : l'Algérie et le Vietnam». Auteur, entre autres, de l'essai «La Révolution algérienne dans le théâtre arabe», le conférencier a souligné : «Les travaux des hommes de théâtre, tels que Allalou, Touri, Bachtarzi et Rachid Ksentini, avaient préparé le terrain au déclenchement de la guerre de Libération nationale en 1954, en maintenant la conscience nationaliste et en incitant à la révolte». Celui qui a évoqué le rôle crucial des comédiens de la troupe du FLN durant la Révolution, a rappelé : «La Révolution a créé le théâtre et le théâtre a créé la Révolution.» «Le théâtre a accompagné la Révolution. La troupe artistique du FLN, créée en Tunisie par Mustapha Kateb, avait pour mission de faire connaître ce mouvement libérateur. La troupe a présenté plusieurs pièces comme «Les enfants de La Casbah», «Nahwa al nour et El Khalidoun», a ajouté l'intervenant, qui a estimé que «l'impact de la troupe du FLN, qui a joué dans les pays d'Europe, d'Asie et arabes, véhiculant les messages de résistance du peuple algérien et ses sacrifices, avait une résonance universelle». Par ailleurs, Ahcène Thlilani n'a pas oublié d'évoquer «l'action militante du théâtre animé par les étudiants algériens comme Abdallah Rekibi».