rappel n L'histoire nationaliste des Sahraouis ne pourrait, en aucun cas, se résumer dans le conflit l'opposant aux troupes des Forces armées royales marocaines (FAR). Bien avant, pas encore structurés en l'actuelle Armée populaire de libération du Sahara (ALPS), les combattants sahraouis se sont révoltés contre les Espagnols et les Mauritaniens. Au lendemain de la création de la RASD (République arabe sahraouie démocratique), le 27 février 1976 par le Front Polisario à Bir Lehlou, les combattants sahraouis attaquent les forces marocaines et mauritaniennes par des incursions éclairs (guérilla). C'est le début d'un long parcours pour l'indépendance. Un long chemin parsemé non seulement de toutes formes de brutalités marocaines et de complicités françaises, mais aussi émaillé d'actes de bravoure et d'héroïsme des combattants sahraouis. Ce conflit a fait plus de 16 000 morts. Un cessez-le-feu a été signé entre les deux parties en 1991. En compagnie de Mohamed Lehbib El Ouali, un ancien combattant de l'ALPS, nous avons remonté le temps jusqu'aux premiers instants d'un conflit qui aurait causé la mort de plus de 16 000 personnes. Un vrai parcours de…combattants. Malgré son âge quelque peu avancé (64 ans), Mohamed Lehbib s'en souvient parfaitement. Nous l'avons rencontré dernièrement dans la wilaya de Boudjedour et sur insistance de l'un de ses compagnons d'armes, aujourd'hui cadre de la gendarmerie sahraouie il s'est confié à Info Soir. La tactique du Polisario est très simple, nous dit-il, «elle repose sur la mobilité et la connaissance du terrain également appelée rezzous, elle consiste à attaquer grâce à des colonnes rapides des postes militaires et de se replier le plus rapidement possible». Il ajoute : «A l'époque, on n'avait pas une véritable armée comme de nos jours. C'était juste quelques combattants pas du tout formés. Notre seule motivation était la hantise de défendre à tout prix la terre ancestrale. Le peu d'armes dont on disposait nous parvenait des attaques que nous menions contre les troupes espagnoles, mauritaniennes et marocaines par la suite». Les hommes ne disposaient alors que de quelques uniformes, des fusils et des munitions et des voitures, mais « le désir de l'indépendance faisait de lui et de ses compagnons d'armes, les maîtres des terrains». «Pour tous les combattants sahraouis, l'exemple n'était que celui des valeureux moudjahidines algériens ayant défié l'une des plus puissantes armées de ses temps (armée française) et arraché l'indépendance de l'Algérie au prix fort. Les débuts n'ont certes pas été faciles, mais les choses ont évolué positivement durant les 15 ans qu'aura duré le conflit», a-t-il encore ajouté avant de marquer un temps d'arrêt. «Dur, c'est vraiment dur de repenser à toute cette période. Sur le front, nous parvenaient des échos des populations séquestrées, massacrées, des femmes violées, des enfants maltraités et aussi des ressources naturelles sahraouies spoliées par les Marocains avec la bénédiction de cette France qui ne cesse pourtant de prôner les droits de l'Homme dans le monde», a, en outre, soutenu notre interlocuteur.